Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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La parakinésie brachiale oscitante
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Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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mystery of yawning 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mise à jour du
29 décembre 2017
Chez Jean Houry
1678
Le bâillement
 
Daniel Duncan (1650-1735)
Explications nouvelle et mechanique des actions animales

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Daniel Duncan ou le cerveau machine. pdf 2018
 
duncan actions animales
 
Comme nous avons insinué devant que le renversement de l'œsophage contribuait au vomissement, il est bon de remarquer icy que cette partie à deux sortes de fibres charnuës ; dont les unes vont de haut en bas & servent à avaler par leur mouvement péristaltique, & les autres de bas en haut, & servent au vomissement par leur contraction anti-péristaltique.
 
Ces fibres charnuës se trouvent entre deux membranes nerveuses, dont l'une tapisse l'œsophage en dedans, & l'autre le couvre en dehors. Les fibres charnuës & les nerveuses ont des fonctions toutes opposées. Le gonflement des charnuës estressit l'œsophage & celuy des nerveuses l'élargit. La différence de ces effets vient de leur différente situation. Car au lieu que les charnuës sont situées régulièrement en spirale, les nerveuses sont placées en tout sens. La tension de l'Estomach, des Intestins & des autres corps membraneux, se fait aussi par les fibres nerveuses.
 
Puis que nous sentons que l'œsophage se dilate involontairement, lorsque nous baaillons, & que nous avons vü cy-devant que cette dilatation dépend de la membrane nerveuse de l'œsophage, nous pouvons dire qu'elle est le siège du baaillement, & cet accident ne manque jamais de nous arriver quand quelque irritation détermine les esprits à y venir en plus grande abondance.
 
La cause la plus ordinaire de cette irritation est une humidité incommode qui arrose la membrane interne de l'œsophage. Cette humidité vient de deux sources, sçavoir des glandules dont la membrane interne est parsemée, ou des vapeurs acides qui s'élèvent de l'Estomac comme d'un pot boüillant, & qui se conduisent contre les parois de l'œsophage comme contre le couvercle.
 
Les fibres nerveuses de la membranes interne en étant irritées, se gonflent et nous font baailler en dilatant l'œsophage. La bouche suit ce mouvement ; parce qu'elle est tapissée de la même membrane qui en est le sujet immédiat.
 
Puisque l'humidité de l'œsophage est la cause ordinaire du baaillement, il ne faut pas s'étonner qu'on baaille principalement un peu avant le sommeil & un peu après, si nous faisons réflexion que nous n'avons guère envie de dormir qu'après mangé, & lors que la digestion a commencé à se faire. Car pendant la coction qui se fait dans l'Estomach, les aliments poussent quantité de vapeurs qui tiennent un peu de l'acide qui y abonde, dont une partie se condensant dans l'œsophage humecte la membrane nerveuse qui le tapisse, & l'obligent par leur irritation à se dilater.
 
Nous baaillons aussi en nous réveillant parce que pendant le sommeil, l'œsophage s'est chargé d'une humidité qui l'irrite, & nous nous déchargeons par les crachats après notre réveil ; car la chaleur des entrailles étans plus forte pendant le sommeil, élève plus de vapeurs de l'Estomach que pendant la veille.
 
Les fumées des fermentations que la bile& le suc pancréatique sont d'ordinaire dans le bas ventre au commencement d'un accès de fièvre, peuvent faire la même chose, par leur irritation, & par la dilatation qu'elles causent à l'œsophage en y passant. Toute sorte de flatuosités peuvent produire le même effet.
 
Le baaillement a quelque chose de surprenant en ce que nous ne sçaurions presque voir baailler un homme sans que nous fassions le semblable. Je croy que cette sympathie vient de ce que notre Œsophage étant ordinairement chargé d'un peu plus d'humidité qu'il ne faut, la cause de cet accident est presque toûjours présente, quoy qu'elle ne soit pas toujours assés forte pour produire son effet, à moins que l'imagination frappée par ce mêê accident qu'on remarque en un autre, ne détermine les esprits à couler en abondance dans ces fibres nerveuses de l'œsophage.
 
L'extension involontaire des membres que les Latins appellent Pandiculatio & qui n'a point de nom propre en nôtre langue, accompagne ordinairement le baaillement, parce que la même cause se trouvant en divers sujets produit des deux différents effets ; Car si une trop grande humidité arrosant la membrane nerveuse de l'œsophage fait le baaillement, la même cause agissant à mémé temps presque sur toutes les membranes du corps produite la Pandiculation.
 
Cet accident arrive quand on a envie de dormir, ou quand on vient de s'éveiller. On s'entend quand on a envie de dormir après avoir mangé, parce que le sang étant ordinairement plus humide en ce temps-là, à cause du suc nutritif qui n'est pas encore cuit, mes membranes de tout le corps se trouvent plus chargées de ces humidités, dont elles tachent de se décharger par ce mouvement ; & parce que le chyle & le sang qui se meslent alors boüillonnent ensemble, poussent beaucoup de vapeurs : de sorte que nôtre corps est dans ce temps-là comme un tonneau dans lequel le vin nouveau fermente ; & comme il ne se fait point de grande fermentation sans fuée, alors il s'élève de nôtre sang beaucoup de vapeurs, qui venant se condenser contre les membranes, dont les pores sont trop étroits pour leur donner passage, s'y convertissent en humidité comme au chapiteau de l'alembic.