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La physionomie humaine
Iean Baptiste Porta 1655
 
 
 
 
 
Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 

mise à jour du
10 juin 2004 
J Hetzel Ed
p125-127
1865
De quelques autres mouvements respiratoires
De la physionomie et des mouvements d'expression
Suivie d'une notice sur la vie et ses travaux par Louis Grandeau
Pierre Gratiolet
Né en 1815 à Ste-Foy-la-Grande (Gironde)
Paris - 1865

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Nous devons parler maintenant du gémissement qui ne diffère du cri poussé que par sa lenteur et sa faiblesse. Les cris d'un lutteur blessé dont les forces s'épuisent se changent en gémissements. Un grand nombre d'interjections imitent ce mouvement spontané de la voix. En thèse générale, le gémissement est l'effort de la faiblesse. C'est un dernier indice d'effort quand, au moment de la syncope et de la mort, le sentiment des choses extérieures s'épuise par degrés.
 
Quelques autres mouvements très caractéristiques sont une modification du simple mouvement d'inspiration. Ainsi quand la circulation languit, quand un sentiment de torpeur ou d'engourdissement opprime, comme aux approches du sommeil ou sous l'influence de l'ennui, un instinct caché sollicite à de grandes inspirations. Ces inspirations appellent un air excitant, et de peur que cet air ne s'échauffe au contact des sinus olfactifs , ce qui rendrait son action moins stimulante, l'inspiration s'effectue alors par la bouche énormément ouverte. Une des choses qui soulagent et excitent le plus dans ce mouvement, est l'impression que l'air froid détermine en touchant le pharynx. Je ne doute point que ces nombreuses sympathies de l'arrière-gorge, sur lesquelles on a, dans ces derniers temps, essayé de fonder un système nouveau de thérapetitique, ne jouent dans l'enchaînement de ces phénomènes un rôle important.
 
Cette grande inspiration diffère du soupir par sa profondeur et par l'excessive dilatation de la bouche ; on lui a donné un nom particulier, celui de bâillement. Ce mouvement est l'un de ceux auxquels la théorie de M. Huschke sur l'homologie de l'expansion avec l'extension, s'applique le plus directement. Les animaux, en effet, s'allongent en bâillant, ils s'étendent, on peut dire même avec quelque apparence de vérité qu'ils s'étirent.
 
Tous les animaux ne bâillent pas, ou du moins quelques-uns bâillent rarement. Après l'homme, les singes et les animaux carnassiers bâillent le plus souvent. J'ai vu bâiller très caractéristiquement des lapins. Je ne crois pas qu'on ait observé rien de semblable chez les vertébrés ovipares.
 
De même qu'un sentiment d'en gourdissement et de stupeur commençante produit le bâillement, l'angoisse détermine le sanglot. Le sanglot se fait entendre au moment où , l'inspiration triomphant de la résistance de la glotte, l'air se précipite dans le thorax. Souvent alors la tension subite du diaphragme, amenant un choc brusque sur l'estomac détermine une éructation. Cette combinaison du sanglot avec le bruit de l'éructation produit le hoquet ; cette simultanéité fait que les Latins confondent le sanglot et le hoquet sous un même nom, singultus. De même en grec lygmos est à la fois sanglot et hoquet.
pierre gratiolet
 
Pendant le hoquet le diaphragme agit seul, et, les muscles abdominaux cédant à son action, le ventre est poussé en avant à chaque hoquet. Si, au contraire, les muscles abdominaux résistent ou se contractent, l'estomac est comprimé entre deux plans musculaires, il est frappé de deux côtés opposés, et le vomissement se produit.
 
Le sanglot, le hoquet et le vomissement sont ainsi des mouvements du même ordre. Ils forment, en quelque sorte, une même famille de mouvements, et concourent ensemble à la production de phénomènes nombreux. Ils influent, en effet, d'une manière directe sur la circulation et sur la production de la chaleur aniniale. Ce que nous avons dit de ces choses nous dispensera d'y revenir ici.
 
Il y a encore quelques mouvements liés au phénomène de la respiration , tels que l'éternuement, la toux, quelques autres semblables. Le mécanisme de ces mouvements est bien connu ; et comme ils sont d'un emploi fort rare, dans la mimique naturelle, nous croyons inutile d'y insister. Ainsi nous renvoyons sur ce point aux traitésde physiologie générale.
 
pierre gratiolet
GRATIOLET, Louis Pierre, né en 1815 à Ste-Foy-la-Grande (Gironde), physiologiste. Après sa formation, Gratiolet entre au Museum d'histoire naturelle de Paris. Il y exerce d'abord la fonction de préparateur, puis enseigne l'anatomie comparée en tant que suppléant de Blainville, occupe le poste d'aide-naturaliste, puis reprend la chaire d'anatomie comparée laissée vacante à la mort d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1861), le fils du grand naturaliste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. Le principal objet de recherche de Gratiolet est la structure du cerveau humain. Il disparaît en 1865 à Paris. Parmi ses oeuvres, on peut citer : Mémoire sur les plis cérébraux de l'homme et des primates (1854), Anatomie comparée du système nerveux (2ème volume), à la suite de Leuret.
 
Gratiolet was an adroit interpreter of animal structure and function, as his work on the mammalian brain testifies (Anatomie comparee du system nerveux, 1857), but the special thrust of his studies was the interpretation of intelligence, both as the dividing line between man and animal and between the races. His book on expression, which came out of one of his last lectures at the Sorbonne, explored 'body language' shared by men and animals,and should be considered a precurser to Darwin's famous study of the 1870's.