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haut de page

mise à jour du
29 juillet 2004
Thèse R. Trautmann
page 46-48
Du bâillement, acte involontaire
extrait de la Thèse de R. Trautmann
ou
comment induire volontairement un bâillement
Illustrations de la thèse de Wolter Seuntjens
(Amsterdam and Vrije Universiteit 2004)
Annals of Improbable Research (AIR) and pdf

Chat-logomini

yawn-face
yawn-profile
 
Du bâillement, acte involontaire

«Le bâillement est un acte essentiellement involontaire», tels sont les premiers mots de la définition de presque tous les physiologistes. Nous n'avons pas la prétention de rejeter absolument cette proposition, mais nous désirons attirer l'attention sur certains modes de production du bâillement. Voyons d'abord ce que les auteurs entendent par le mot: involontaire. Dechambre, rangeant le bâillement parmi les phénomènes spasmodiques, lui ôte, de ce fait, tout caractère d'acte volontaire: «De même que pour les autres modifications de la respiration, telles que le soupir, le hoquet, qui ne sont aussi que des mouvements respiratoires convulsifs, il ne dépend de la volonté ni de le faire naitre, ni de le faire cesser une fois commencé ». Longet avait dit avant lui : «Le soupir peut être volontaire, tandis que le bâillement est toujours involontaire.

 
Il est facile de simuler le bâillement, mais en vain ouvrira-t-on la bouche pour expirer une grande quantité d'air, en vain fera-t-on successivement deux ou trois inspirations profondes, suivies de rapides expirations, en vain abaissera-t-on excessivement la mâchoire inférieure, on n'aura pas bâiller si le besoin n'en existait pas». L'opinion d'Adelon était toute semblable : «Le bâillement est involontaire, on peut réprimer l'envie de bâiller, mais la faculté qu'on a de le réprimer porte plus sur l'expression faciale de même que sur l'action du thorax; ensuite, l'indépendance où est cet acte de la volonté est assez prouvée par l'impossibilité où nous sommes de le produire à notre gré: on peut bien en simuler l'expression faciale, mais on n'éprouve pas alors le sentiment intérieur qui le suit et qui est un soulagement». Essayons d'analyser les citations de ces auteurs dont la conclusion est la même: le bâillement est rangé à juste titre, parmi les actes respiratoires spasmodiques, à côté du soupir, par exemple: or, pour Longet ce denier peut être volontaire; pour Dechambre, il ne l'est jamais; il est admis généralement et il est facile de se convaincre qu'on peut soupirer à volonté. Le bâillement rentrant dans la même catégorie que le soupir nous n'en déduirons pas forcémment qu'il est volontaire. Mais il nous sera permis de, ne pas admettre sans démonstration la proposition de Dechambre: le bâllement est un acte spasmodique, donc il est involontaire. D'aurtre part, ces physiologistes prouvent tous les trois «l'indépendance où est le bâillement de la volonté, par l'impossibilite où nous sommes de le produire à notre gré». Il suffirait donc de montrer qu'une telle assertion est exagérée pour que cette indépendance n'est qu'apparante.
 
Nous avions déjà remarqué depuis longtemps qu'il nous était possible, par un mécanisme particulier de déterminer à volonté un bâillement complet; plusieurs de nos camarades, étudiants en médecine, sont arrivés au même résultat. Il suffit de tendre énergiquement les muscles sus-hyoïdiens en inspirant lentement et profondément; le maxillaire inférieur est abaissé et projeté en avant, un bourdonnement se produit dans l'oreille: le bâillement a lieu. Pour notre part, cette expérience répétée maintes fois nous a toujours réussi.
 
On nous objectera, peut-être, que ce que nous prenons pour un acte de la volonté est dû tout simplement à une espèce d'auto-suggestion, et ou nous citera la phrase de Dechambre : «Il est certain que l'on arrive presque infailliblement à en déterminer la manifestation en cherchant à plusieurs reprises à le simuler ou à le provoquer»; ou bien celle de Muller: «Il suffit d'y penser pour bâiller lorsque la disposition à cet acte existe».
 
L'objection est sérieuse, à la vérité; mais nous n'avons pas la prétention d'affirmer que la seule tension des muscles sus-hyoïdiens, combinée avec une inspiration lente et soutenue, suffit à provoquer l'acte, en dehors de tout phénomène cérébral inconscient. Le fait n'en existe pas moins, le bâillement recherché a lieu et ces mouvements absolument volontaires en sont le point de départ, le primum movens. Ce n'est pas étonnant du reste: en faisant contracter les muscles sus-hyoïdiens, nous resserrons le pharynx, nous dilatons le larynx, nous abaissons la trachée; en inspirant lentement etprofondément nous actionnons le diaphragme; or, les choses se passent-elles autrement dans le bâillement ordinaire?
 
Nous nous mettons dans les conditions de production de l'acte, est-il extraordinaire qu'il ait lieu? Ajoutons encore une remarque: si, par ce mécanisme, nous essayons de faire plusieurs bâillements successifs, nous n'y réussissons pas, il y a une sorte de fatigue, d'engourdissement qui s'y oppose; après quelques secondes de repos, une nouvelle tentative fait naitre infailliblement un nouveau bâillement, et cela indépendamment de toute question de temps, de milieu, de fatigue, de faim, etc. Si nous nous sommes un peu étendu sur ce sujet, c'est que les assertions des physiologistes nous semblent par trop absolues. Nombre d'individus bâillent lorsqu'ils le veulent, nous l'avons observé maintes fois. Que ce soit effet d'une auto-suggestion ou de tout autre mécanisme, il n'en est pas moins vrai que le bâillement, acte généralement involontaire, peut néanmoins étre produit rapidement et sûrement par l'influence de la volonté.
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