Contagious yawning (CY)&emdash;linked to
physiological synchronization and possibly emotional
contagion&emdash;occurs when one individual's yawn
induces yawning in others. CY was investigated over
different time windows (minutes from the triggering
stimulus) via naturalistic or experimental studies (using
real and video yawns, respectively) with contrasting
results, especially in bonobos. The authors verified
whether in bonobos result divergences may derive from
different methods. They gathered yawning data on 13
bonobos at Twycross Zoo (UK) via a naturalistic
(all-occurrences observations) and experimental approach
(by showing yawn/control video stimuli). Based on
literature, we used 1- and 3-min windows to detect CY.
Due to fission-fusion management, individuals could form
permanent or non-permanent associations (more/less
familiar subjects under naturalistic setting).
Video yawn stimuli may come from group mates/stranger
models (more/less familiar subjects under the
experimental setting). Stimulus type and time window
affected CY modulating factors but not CY detection.
Familiarity and age effect on CY showed opposite trends
in 3-min trials and 1-min observations. CY was highest in
oldest, non-permanently (rather than permanently)
associated subjects in the naturalistic setting, but in
the youngest subjects and with ingroup (rather than
outgroup) models in trials. The age effect differences on
CY might be due to decontextualized yawns and immature
subject curiosity toward videos. The reversed familiarity
effect suggests CY's context-dependent function in
promoting social synchronization with socially distant
group mates, as failing to coordinate as a group may lead
to social disruption. Complementary methods are needed to
fully understand motor replication phenomena.
La réplication des
bâillements chez les bonobos
La répilcation du bâillement (CY) -
lié à la synchronisation physiologique et
peut-être à la contagion émotionnelle
- se produit lorsque le bâillement d'un individu
induit le bâillement des autres. Le CY a
été étudié sur
différentes fenêtres temporelles (en minutes
à partir du stimulus déclencheur) par le
biais d'études naturalistes ou
expérimentales (utilisant des bâillements
réels et vidéo, respectivement) avec des
résultats contrastés, en particulier chez
les bonobos. Les auteurs ont vérifié si,
chez les bonobos, les divergences de résultats
pouvaient provenir de méthodes différentes.
Ils ont recueilli des données sur les
bâillements de 13 bonobos du zoo de Twycross
(Royaume-Uni) par le biais d'une approche naturaliste
(observations de toutes les occurrences) et
expérimentale (en montrant des stimuli
vidéo de bâillement/contrôle). Sur la
base de la littérature, Ils ont utilisé des
périodes de 1 et 3 minutes pour détecter
les CY. En raison de la gestion de la fission-fusion, les
individus peuvent former des associations permanentes ou
non permanentes (sujets plus ou moins familiers dans un
contexte naturaliste).
Les stimuli vidéo de bâillement peuvent
provenir de congénères du groupe ou
d'étrangers (sujets plus ou moins familiers dans
le cadre de l'expérience). Le type de stimulus et
la fenêtre temporelle ont affecté les
facteurs de modulation du CY mais pas la détection
du CY. L'effet de la familiarité et de l'âge
sur le CY a montré des tendances opposées
dans les essais de 3 minutes et les observations de 1
minute. Le CY était le plus élevé
chez les sujets les plus âgés, non
associés de manière permanente
(plutôt que permanente) dans le contexte
naturaliste, mais chez les sujets les plus jeunes et avec
les modèles de l'ingroupe (plutôt que de
l'outgroupe) dans les essais. Les différences
d'effet d'âge sur le CY pourraient être dues
à des bâillements
décontextualisés et à la
curiosité immature des sujets à
l'égard des vidéos. L'effet de
familiarité inversé suggère la
fonction contextuelle de CY dans la promotion de la
synchronisation sociale avec des camarades de groupe
socialement éloignés, car l'absence de
coordination en tant que groupe peut entraîner une
perturbation sociale. Des méthodes
complémentaires sont nécessaires pour
comprendre pleinement les phénomènes de
réplication motrice.
"Ce sont des spasmes respiratoires de la même
famille que le hoquet, les aboiements, les accès
de rire. Le mécanisme de leur apparition est
simple ; il a été bien expliqué par
Janet : sous l'influence d'une légère
sensation de dyspnée, le sujet fait une
inspiration profonde ; un degré de plus, et cette
inspiration devient un soupir ; chez un sujet
prédisposé, le soupir s'accentue et se
transforme en bâillement ; si celui-ci se
répète plusieurs fois, le malade croit
volontiers qu'il ne cessera plus, et de fait, il persiste
tant qu'un traitement psychothérapique bien
conduit n'aura pas brisé le cycle pathologique.
Quoi qu'il en soit, on a rarement l'occasion d'observer
des crises semblables à celle-ci ; ainsi Gilles de
la Tourette, Huet et Guinon en ont fait une étude
qui ne porte que sur six cas."
Une mise au point pour
le journal Médecine du Sommeil
2024;21(3);159-167
Résumé
Le bâillement est une stéréotypie
comportementale observée chez tous les
vertébrés, qu'ils vivent dans les airs, sur
terre ou sous l'eau, qu'ils soient homéothermes ou
poïkilothermes. Cet article propose une mise au
point de la physiologie du bâillement et des
différentes pathologies qui lui sont
associées. L'évolution du bâillement
au cours de la vie ftale, la place qu'il occupe
dans la physiologie de l'intéroception
complète cette revue. Enfin, une théorie de
sa finalité physiologique est proposée
abordant les échelons comportementaux et
cliniques, l'échelon des réseaux neuronaux
et l'échelon moléculaire qui le
sous-tendent.
Abstract
Yawning is a behavioral stereotypy observed in all
vertebrates, whether they live in the air, on land or
underwater, and whether they are homeotherms or
poikilotherms. This article reviews the physiology of
yawning and the various pathologies associated with it.
The evolution of yawning during fetal life and its place
in the physiology of interoception complete this review.
Finally, a theory of its physiological purpose is
proposed, addressing the behavioral and clinical, neural
network and molecular levels that underlie it.