Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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mise à jour du
15 août 2010
Arch Gene Médecine
1891 
 
pdf complet de ce texte
De la forme narcoleptique
de l'attaque de sommeil hystérique
(Pseudo narcolepsie hystérique)
Emile Parmentier
 1860-1940
 
Les internes de JM. Charcot
 
 Les biographies de neurologues
 
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Au mois d'octobre dernier se présentaità la consultation de la Salpêtrière un malade se disant atteint de « maladie du sommeil » et, de fait, ii ne tardait pas à s'endormir, sous nos yeux, d'un sommeil calme et tranquille en apparence; à peine était-il éveillé, qu'il s'endormait de nouveau. Il s'agissait, en réalité, d'un dormeur hystérique méritant d'être examiné de plus près. C'est son observation, rapprochée de quelques autres analogues, que nous allons exposer, désirant appeler l'attention sur une forme peu fréquente de sommeil hystérique et capable d'entraîner un diagnostic erroné.
 
Les observations qui ont fait le sujet des leçons de M. le professeur Charcot ou qui sont contenues dans les ouvrages de MM. Bourneville et Regnard, de M. P. Richer, ainsi que dans les mémoires de M. Pitres, se rapportent soit à des cas exceptionnels, à des attaques de sommeil prolongé pendant des semaines, des mois et années, soit à de petits cas dont la durée ne dépasse pas trois, quatre, huit et douze jours. « Ces derniers sont infiniment moins rares, dit notre éminent maitre ; c'est ainsi que dans le service, nous n'avons pas observé moins de cinq cas de cette catégorie dans le courant de ces deux dernières années.» A côté de la grande forme léthargique et de la forme commune dont nous venons de parler, il en existe une autre qui simule la maladie du sommeil et mérite d'être caractérisée du notre de forme narcoleptique. Elle est assez rare pour qu'il y a peu d'années encore, notre ami, Gilles de la Tourette, ait pu dire de la narcolepsie que « le sommeil n'est plus accompagné ou suivi d'attaques convulsives ou d'autres accidents hystériques ».
 
emile parmentier
 © Extrait de l'Album de l'internat de La Salpêtrière conservé à la Bibliothèque Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière
(Université Pierre et Marie Curie, Paris)  
Emile Parmentier, interne de JM. Charcot en 1890
 
Qu'est-ce donc que la narcolepsie?
 
Elle consiste dans un besoin de dormir subit, irrésistible, ordinairement de courte durée, se reproduisant à des intervalles plus ou moins rapprochés et assez impérieux d'ordinaire pour que le malade succombe, presque fatalement, dès que ce besoin se fait sentir. Bien que le sommeil puisse survenir spontanément, son apparition peut être provoquée par des influences diverses. Nous citerons à ce propos quelques fragments d'une intéressante observation de M. Gelineau, qui, mieux que toute autre description, permettront de comprendre ce qu'on entend par narcolepsie. "Ce n'est que depuis deux ans que le malade a ressenti, lorsqu'il riait aux éclats ou qu'il voyait une bonne opération à faire dans son métier (revendeur de barriques), une faiblesse soudaine dans ses jambes, qui se dérobaient sous lui, Plus tard, en jouant aux cartes,s'il voyait un beau jeu, il était tout saisi et ne pouvait remuer les bras; sa tête se penchait, il dormait; une minute après il se réveillait.
 
Bientôt, la moindre émotion, la vue seule de ses futailles suffirent pour amener le sommeil, et, depuis, ce besoin impérieux de dormir l'incommode â chaque instant. Mange-t-il, son repas est interrompu quatre ou cinq fois par l'envie de se reposer; ses paupières s'abaissent, ses mains laissent tomber sa fourchette, son couteau ou son verre; la phrase qu'il avait commencée à voix haute, il la finit avec peine, en balbutiant et à voix basse; sa tête se penche, il dort. C'est eu vain qu'étant assis, pour écarter cette sensation, il se frotte tes yeux; sa main retombe inerte, il est vaincu, se courbe et sommeille. Est-il debout et dans la rue, quand ce besoin le prend, il vacille, trébuche comme un homme ivre, entend les gens l'accuser d'avoir bu et se rallier de lui ; il ne peut leur répondre; leurs moqueries l'accablent encore plus et il s'affaisse en se garant instinctivement, par un dernier effort, des voitures ou des chevaux qui passent. S'il a une émotion profonde, pénible ou joyeuse, le besoin de dormir est encore plus impérieux et soudain...
 
Pendant son sommeil, son pouls, qui est à 66 à 68 à l'état ordinaire,descend immédiatement sous 6O. Ses pupilles, très contractées à l'état de veille, le sont un peu moins quand il dort. Elles se contractent à nouveau quand on les soulève et qu'on en approche la lumière. Les accès durent de une à cinq minutes.
 
Rien, du reste, ne révèle chez lui un état maladif; ses traits sont calmes, reposés, il mange bien; son sommeil de la nuit est excellent, il ne se réveille qu'une foi. Jamais, pendant son sommeil morbide, il n'a laissé échapper d'urine ou de matières fécales. Sa mémoire n'est pas affaiblie le moins du monde, il se rend compte de l'état de ses affaires et s'en occupe avec activité, mais en se faisant accompagner, ne pouvant sortir seul sans danger».
 
Telle est la maladie du sommeil à laquelle M. Gelineau a donné le nom de narcolepsie et dont MM. Gamuset, Phipson, Ballet et Landouzy ont publié quelques exemples. Voici maintenant nos observations.
 
L'histoire clinique qui va suivre est celle d'un dégénéré au premier chef, d'un dégénéré atteint d'un infantilisme, de chlorose et d'hystérie.
 
Infantilisme et chlorose! Corrélation d'autant plus digne de remarque qu'il ne s'agit plus seulement ici de malformations congénitales du système artériel Virchow, mais d'un vice profond de l'organisme tout entier. Et cette chlorose constitutionnee est une chlorose héréditaire. S'il est, en effet, une maladie des parents qui puisse avoir quelque influence sur le développement de la chlorose, c'est bien la phthisie. M. [Janet ne manque jamais d'insister sur ce rapport dont ['exactitude est chaque jour démontrée par les faits; nons rappelons d'autant plus volontiers l'opinion de notre excellent maître sur ce sujet, que M. Jolly semble ne pas la connaître, bien qu'il ait recueilli plusieurs observations du même genre dans son propre service.
 
Fils d'une mère morte phthisique,notre malade a pour grand père maternel un alcoolique invétéré de caractère violent. Il était donc voué, sinon à l'hystérie, du moins à quelque manifestation nerveuse. Il ne tarda pas, du reste, à ressentir les premiers effets de la grande névrose. A deux reprises, dès son jeune âge, il fut frappé de paraplégie momentanée, sans aucun doute hystérique; plus tard, il eut des crises convulsives, des attaques de sommeil dont nous aurons à étudier les diverses particularités. Avant de les décrire, nous avons cru bon de rappeler la part qui revenait aux différents facteurs dans la genèse de la maladie constitutionnelle et névropahique.
 
Obs 1. - Infantilisme, chlorose, hystérie. - Attaques de Sommeil hystérique de forme narcoleptique, polyurie.
Louis Demeu...., 26 ans, entré salle Bouvier, lit n°1, service de M le Professeur Charcot.
 
Antécédents héréditaires
Son père, aujourdh'ui âgé de 66 ans, est un ancien aiguilleur au chemin-de fer de l'Ouest où il est resté pendant trente-quatre ans avec d'excellentes notes. C'est assez dire qu'il n'avait pas d'habitudes d'intempérance. Sa santé est bonne. Son grand-père maternel s'adonnait à la boisson et avait un caractère violent. Sa mère est morte à l'age de 39 ans de phtisie pulmonaire. Des six enfants que comptait la famille, le second est mort peu de temps après le naissance. Le premier, âgé de 36 ans, est vigoureux, de taille moyenne; c'est un alcoolique qui boit de préférence de l'absinthe. Le troisième est Louis, notre malade. Le quatrième vient de quitter le 22° dragons où il était maréchal des logis: il est sobre et paraît être le mieux partagé de tous au point de vue physique et psychique. Après lui vient encore un jeune homme de 22 ans, qui a eu la fièvre typhoïde à 10 ans: il est absinthique, masturbateur, a des idées de suicide et des attaques d'hystéro-épilepsie. Enfin sa soeur, âgée de 20 ans, a déjà présenté depuis deux ans quelques crises d'hystérie.
 
Antécédents personnels
Le malade ne peut fournir aucun renseignement sur sa première enfance. Il se rappelle avoir été soigné â l'âge de 9 ans à l'Enfant-Jésus pour des douleurs et une paralysie des membres inférieurs.
 
Il entra en apprentissage et devint brocheur. A l'âge de 13 ans, il tramait une voiture à bras lorsque subitement il se trouve dans l'impossibilité de faire un pas et bientôt de se tenir debout. Fort heureusement le fils de son patron vint à passer, le mit dans la voiture et le conduisit ainsi chez son père et de là à l'hôpital. Traitement: enveloppement ouaté des jambes. Guérison.
 
Un matin, en 1882, il avait été chargé de distribuer des brochures dans plusieurs maisons et d'attendre sun patron, vers onze heures, quai des Grands Augustins, lorsqu'arrivé au rendez-vous il s'assit sur les brancards de la voiture et s'endormit. Vers une heure de l'après-midi, il se réveilla étendu sur un matelas au poste de police.
 
On lui raconta qu'il avait été trouvé endormi par son patron et que, dès qu'on avait essayé de le réveiller, il avait commencé à se débattre violemment; qu'il avait été alors conduit au poste par le patron, aidé des agents dont il avait déchiré les vêtements. De retour à l'atelier, il fut pris d'une nouvelle crise de sommeil entremêlée d'accès convulsifs et délirants.
 
Peu de temps après il se fit peintre-doreur sur métaux, travaillant sous la surveillance de son frère aîné. Ses négligences, ses retards, ses attaques de sommeil lui attiraient à chaque instant des reproches et des amendes. Il devint alors garde-malade, métier qu'il exerce depuis 1886.
 
Il y a un an, en passant vers onze heures place des Invalides, il vit un terre-neuve renverser un jeune enfant et se précipiter sur lui. Dès qu'il sentit les pattes du chien qu'il croyait enragé, poser sur ses épaules, il tomba à la renverse sans connaissance et se débattit. Il se retrouva assis sur un banc, entouré de personnes que l'incident avait ameutées. On le rassura en lui affirmant que le chien avait voulu jouer, on le fit marcher un peu; mais très fatigué, il s'endormit de nouveau. Lorsqu'il rentra chez lui, il était plus d'une heure.
 
Depuis cette époque, les attaques de sommeil augmentèrent de fréquence et de durée; depuis trois mois elles reviennent plusieurs fois par jour et ne lui permettent plus de travailler. Il a ainsi mangé toutes ses économies.
 
État actuel
Louis Dein... est de petite taille, imberbe; on lui donnerait 15 ans bien qu'il en ait 26. Sa face est pâle, à peine rosée; c'est un chlorotique mâle.
 
Son corps est grêle; ses oreilles sont mal ourlées, les seins très développés. Son bassin large appartient au type féminin; ses cuisses ont une forme arrondie, Il n'existe qu'une seule fossette lombaire comme chez la femme. Louis porte un bandage inguinal double; des deux hernies qu'il présente l'une est congénitale, l'autre a apparu vers 11 ans. Le pubis est peu garni de poils ; le pénis n'est pas plus développé que celui d'un enfant de 9 ans; les testicules ont la grosseur d'une bille. Le conseil de revision le réforma pour atrophie congénitale des testicules, Enfant, il n'a jamais aimé les jeux bruyants; d'un naturel calme, timide, il lisait volontiers. Il n'a pour les femmes ni penchant ni aversion c'est un être neutre avant tout.
 
Stigmates hystériques. - Il présente une hémìanesthésie sensitivosensorielle du côté gauche. Le contact et le chaud sont à peine perçus; la piqûre ne détermine pas de douleur, le froid n'est pas senti. Les différentes odeurs, camphre, chloroforme, sulfure de carbone, sont peu ou pas perçus. Le goût est presque totalement aboli. Anesthésie pharyngienne.
 
Points hystérogènes 1°) temporomaxillaire des deux côtés; 2°) costal inférieur à gauche (8-10° espace) et flanc gauche; 3°) testiculaire gauche; 4°) Iliaque des deux côtés.
 
Rétrécissement du champ visuel gauche à 60°. Micromégalopsie.
Comment it s'endort la nuit, - Presque chaque soir vers huit heures, il ressent une douleur assez vive au niveau des derniers espaces intercostaux et du flanc du côté gauche, qu'il cherche à calmer en frictionnant la région sensible après s'étre étendu sur un lit. Puis, il est pris de battements dans la tête et s'endort. Il ne rêve pas ou mieux il ne croit pas réver. Ses voisins de lit assurent qu'il parle tout le temps: "Vous êtes un infame! retirez-vous... Vous n'êtes pas digne de porter le brassard aux armes, etc. "
 
Comment it se réveille le matin. - Il s'éveille rarement seul ; il lui est arrivé de rester couché jusque vers quatre heures de l'après-midi ce jusqu'au soir. Quand il a besoin de se lever de bonne heure il affiche dans le couloir qui mène à sa chambre un papier invitant les personnes qui passent à le réveiller à l'heure indiquée, â frapper à sa porte, à entrer chez lui. Chaque soir en se mettant au lit il s'attache une corde au bras, corde qui traverse la porte et va tomber dans le couloir. Il est ainsi facile de l'avertir.
 
Somnambulisme nocturne. - Au réveil il n'a aucun souvenir des actes qu'il a accomplis durant son sommeil. Une première fois il s'est reveillé en chemin au premier étage (il habite le sixième étage) il venait de heurter la rampe d'escalier.
 
Une autre fois il a été réveillé par un locataire. Il lui est arrivé de descendre dans la loge du concierge, de s'asseoir et du remonter ensuite chez lui sans s'éveiller; la concierge, qui l'avait trouve " pâle comme un mort ", lui aurait demandé ce qu'il faisait là et l'aurait invité à regagner sa chambre,
 
Le matin, il trouve son linge rangé, ses chaussures cirées, ses vêtements brossés. Il exécute même des actes qui exigent une certaine adresse ou une certaine lucidité d'esprit il fait du brochage, exécute des calculs, etc.
 
Ces accès de somnumbulisme se produisent généralement quand ii se couche avec la préoccupation de la besogne du lendemain. "C'est rare quand je ne la fais pas la nuit".
 
Au réveil, le matin, il est fatiguê, il a mal à la tête, n'a pas d'appétit, éprouve le besoin de dormir. Quand il a fait la nuit quelque calcul, il ne peut en faire d'autre le lendemain, tant il est mal en train.
 
Attaques de sommeil. - Il s'endort partout et à n'importe quel moment de la journée, quelle que soit son occupation. ll s'endort en se promenant, en mangeant, en jouant, surtout lorsqu'il est assis. Qu'il écrive ou qu'il lise, il s'endort. Il ne peut regarder un objet brillant ou fixer un objet quelconque sans être pris de sommeil.
 
Aura. - La tète devient lourde; il se met à bâiller, sent des battements dans les tempes, des bourdonnements dans les oreilles, puis entend sonner un timbre ou résonner un tambour. Quelquefois les bourdonnements font défaut; alors les paupières battent, quoi qu'il fasse pour les arrêter. Sa face, d'ordinaire blanche et pâle, prend une teinte légèrement rosée. Les paupières s'abaissent et vibrent. Le front se plisse, les sourcils se contractent, la fossette du menton se creuse, la physionomie prend une expression chagrine ; il porte la main au front et semble souffrir de la tête. Puis la tête tombe en avant: il est endormi.
 
Il reste dans cet état un temps plus ou moins long, d'ordinaire immobile; souvent il a soin de prendre un point d'appui, de s'arcbouter de façon â ne pas tomber pendant le sommeil, chute qu'il n'évite pas toujours.
 
Les membres ne sont ni souples ni rigides: ils ne gardent pas la position qu'on leur donne ou s'ils la conservent un instant c'est pour retomber bientôt. Dès qu'on cherche à les mobiliser, ils ont une tendance très accusée à se raidir et à entrer dans une rigidité complète: alors le corps dessine quelquefois l'arc de cercle. En malaxant les masses musculaires du bras on peut le mettre dans un état cataleptiforme pendant quelques minutes.
 
Des tracés ont été obtenus, le membre snpériénr étant placé par ce procédé dans un état de rigidité complète. La ligne d'inscription est régulière sur une certaine étendue, puis devient légèrement tremblée. Or, à ce moment, le corps était agité d'un frémissement à peiné perceptible et la physionomie prenait un air de souffrance. Il faut sans doute voir dans ces indications l'expression d'un délire intérieur triste ou d'une hallucination pénible.
 
La tête, entrainée par son propre poids, tombe d'ordinaire sur la poitrine; les paupières closes sont animées de vibrations rapides, presque imperceptibles; on n'arrive à les ouvrir qu'avec la plus grande difficulté et fort imparfaitement. Les globes oculaires convulsés en haut décrivent un léger mouvement de rotation ou un nystagmns incomplet; les pupilles sont moyennement dilatées. La bouche est fermée, les dents sont serrées.
 
La respiration, qui était superficielle et fréquente pendant la phase préparatoire, est irrégulière au suprême degré. Après de longues pauses de vingt à trente secondes, survient une respiration saccadée se fixant en deux ou trois temps et davantage; puis l'aspiration apparaît aussi irrégulière qu'elle, rendant inutile toute description: c'est la variété dans l'irrégularité, comme on peut en juger d'après les tracés ci-joints.
 
Le pouls, qui ne dépasse guère 60, à l'état normal, se précipite Un peu, atteint 70,75 et présente aussi de légères irrégularités.
 
Parfois le malade semble poursuivre un rêve, voir un tableau et se met à parler. Il décrit ce qu'il voit ou converse avec des amis; souvent il s'agit dans ses discours d'ambulances, de postes de secours, de blessés qu'il a secourus : on sait qu'il est infirmier. Quelquefois en dormant il se raidit et un peu d'écume lui vient à la bouche.
 
La sensibilité cutanée est très obtuse. Une excitation un peu forte le fait entrer en rigidité complète. Il en est de même, à plus forte raison, lorsqu'on presse un des points hystérogènes. Les sourcils se contractent, le front se plisse, la physionomie prend une expression de souffrance ; il prend sa tête entre les mains, il gémit, se raidit et décrit un arc de cercle, en même temps les machoires se serrent violemment et sur les lèvres apparait un peu d'écume.
 
Les mêmes phénomènes se reproduisent parfois sous l'influence d'un bruit violent, de l'application devant les yeux d'un verre de couleur. On peut changer à volonté les images, les tableaux qu'il voit dans son rêve soit en lui parlant, soit en excitant le sens de la vue ou de l'ouïe.
 
Il répond à l'appel de son nom, indique sa profession, se leve et marche si on lui en donne l'ordre, donne des renseignements sur les personnes qu'il fréquente. Il parle de son ami Gore.,,, demeurant 128, rue Montmartre. Il voit un incendie, l'arrivée de la pompe, la sauvetage qu'on organise, etc; on le fait assister à un enterrement, il est à l'eglise, dépeint les décorations, les illuminations, etc. Il entend l'heure de la ville si l'on percute un aimant et le bourdon de Notre-Dame si l'on frappe sur un gong. Il s'agit de l'enterrement d'un de ses clients, de Jules Bao..., nègre qu'on va enterrer dans le caveau de ses mattres, ancien syphilitique qu'il a soigné pendant plus de six mois. En jouant sur la table une marche militaire, il entend le tambour, voit défier le régiment caserne à la Pépinière, etc. Si on lui commande d'ouvrir les yeux,de se réveiiler,il n'y parvient pas malgré tous ses efforts; il pleure, se frotte la tête inutilement.