Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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La parakinésie brachiale oscitante
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Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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mystery of yawning 

 

 

  

mise à jour du
29 décembre 2017
Germer-Baillière
1875
Leçons sur l'appareil vaso-moteur
La migraine
 
Alfred Vulpian (1826-1887)
 
Leçon 27 pages 631-634

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vulpian
 
La migraine est un état morbide essentiellement passager, souvent héréditaire, lié assez souvent à des diathèses, surtout à la diathèse rhumatismale ou à la goutte, se montrant par accès plus ou moins fréquents. D'une façon générale, la migraine est caractérisée par une céphalalgie d'une nature spéciale, le plus souvent accompagnée ou suivie de mal de cœur, d'envies de vomir, de vrais vomissements. Cette affection débute d'ordinaire dans la jeunesse, parfois dans l'enfance ; elle diminue souvent d'intensité dans l'âge mûr ; les accès deviennent de plus en plus rares, et ils peuvent même cesser de se reproduire avant la vieillesse.
 
La migraine est donc un mal de tête plus ou moins compliqué. Il ne faut pas donner ce nom à toutes les variétés de céphalalgie ; ce serait commettre une complète erreur. Les individus atteints de migraine connaissent bien la différence qui existe entre ce mal de tête et les autres formes de céphalalgie : cette différence est considérable ; elle est difficile à caractériser, surtout à cause des variétés que peut présenter l'affection dont il s'agit. La migraine n'est pas toujours unilatérale, comme semblerait l'indiquer l'étymologie de ce mot. Elle peut être médiane, et occuper une grande partie de la tête sans prédominance d'un côté ; elle peut siéger, soit à la région frontale, soit à la région sincipitale, soit aux régions temporales, ou pariétales, soit à la partie postérieure de la tête.
 
Il n'en est pas moins vrai que la migraine typique est unilatérale et n'occupe qu'une partie plus ou étendue d'une des moitiés de la tête. Le plus souvent le mal de tête siège surtout à la région frontale et tout autour de l'orbite ; il s'accompagne d'une douleur orbitaire profonde et d'une souffrance du globe oculaire lui-même. La douleur n'est pas violente, en général ; elle est sourde, gravative : il y a quelquefois des battements pénibles. La pression des différents points de la région sus-orbitaire permet de reconnaître que la douleur est forte sur le trajet de certains nerfs, sur celui du frontal le plus souvent. Parfois la pression de ce nerf donne lieu, au contraire, à un soulagement de la céphalalgie et celle-ci reprend son intensité lorsqu'on cesse de presser le nerf. La pression de l'œil est douloureuse aussi dans beaucoup de cas.
 
Le mal de tête de la migraine est fréquemment accompagné d'une paresse extrême des facultés intellectuelles et d'un malaise cérébral indéfinissable, mais très-pénible que les impressions faites sur les organes des sens spéciaux exagèrent. Il y a d'ordinaire une grande aversion pour les odeurs, le bruit, les sensations lumineuses. Parfois malade voit des bluettes, ou des lignes lumineuses, sinant des figures plus ou moins géométriques ; il entend des bourdonnements ou des bruissements. Il peut éprouver du vertige et un sentiment tout spécial de défaillance, parfois de syncope. Il recherche l'isolement, le silence l'obscurité. Tout travail intellectuel devient impossible.
 
En même temps se manifeste un état nauséeux qui augmente progressivement. Souvent des bâillements se produisent, incessamment répétés. Il peut y avoir diminution notable de la sécrétion urinaire. Il n'y a pas de fièvre réelle ; cependant le nombre des battements du cœur peut augmenter ; quelquefois, il est vrai, c'est l'inverse qu'on observe. Certains malades ressentent une impression de froid dans toutes les parties du corps. La température des extrémités peut baisser notablement: quelquefois ces phénomènes sont plus accusés dans les membres du côté correspondant à la moitié de la tête où siège la céphalalgie. L'accès se termine souvent par des vomissements répétés, alimentaires, muqueux ou bilieux, suivant les cas ; ou bien, si le malade peut s'endormir, le sommeil amène un soulagement notable ou une guérison complète. Après l'accès, il peut y avoir une diurèse plus ou moins abondante. En général, les accès offrent toujours les mômes caractères chez la même personne. Ils se produisent parfois une façon périodique, surtout chez les femmes, chez lesquelles ils peuvent avoir lieu lors de chaque époque menstruelle. Dans certains cas, ils semblent avoir pour cause une insomnie prolongée ; dans d'autres cas, au contraire, l'accès a lieu à la suite d'un sommeil profond et plus durable que d'ordinaire. Tous les écarts de tous les genres de fatigue, peuvent donner naissance migraine, chez les sujets prédisposés.
 
Quand arrive l'âge dans lequel les accès de migraine s'éloignent et tendent à disparaître, ils peuvent se modifier notablement. L'état nauséeux peut être moins marqué, la céphalalgie peut être moins vive et la crise, au lieu de s'effectuer par des vomissements se faire surtout par les bâillements dont j'ai déjà parlé, et par des pandiculations.
 
Enfin, je dois dire un mot des modifications objectives que présentent la face et les yeux. Outre l'expression d'abattement, l'apparence d'atonie que peuvent offrir les traits, on constate fréquemment une pâleur très-prononcée de toute la face, même alors qu'il n'y a pas d'état nauséeux ; chez certains malades, la face offre, au conraire une congestion manifeste. Ces modifications sa plus faciles à reconnaître, quand la migraine est unilatérale. Souvent alors, du côté où siège la céphalalgie, 1a joue est ou plus rouge et plus chaude, ou plus pâle et froide que celle du côté opposé ; elle peut être le siège d'une sécrétion sudorale exagérée : la conjonctive être congestionnée, avec ou sans larmoiement; que la pupille est plus large ou plus étroite que dans l'état normal ; il peut y avoir une irritation de la membrane muqueuse de la fosse nasale du même côté, avec sécrétion abondante de liquide limpide et éternuements répétés, etc.