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mise à jour du
15 août 2009
 
 
Scholarpedia
Absence congénital de bâillements
lors d'un hypogonadisme hypogonadotrope
et prosopagnosie
 
Syndrome de Kallmann de Morsier

Chat-logomini

 
Cas clinique
 
Joachim est né en octobre 1997, cinquième d'une fratrie de cinq. La grossesse a évolué normalement sans pathologie particulière ni prise médicamenteuse avec un accouchement eutocique à terme.
 
L'allaitement maternel fut plus délicat que pour les enfants nés précédemment ..... A 11 ans, il ne sait manger que des aliments semi-liquides et ne peut déglutir ou macher des morceaux.
 
Ses parents ont remarqué dès la première année que le contact avec lui était différent. La mise en place des codes sociaux fut lentes et difficiles. 
 
"Dès la naissance nous avons remarqué qu'il était différent de nos aînés.Un peu plus petit, plus mou, il ne m'a pas regardé (j'ai pensé à l'autisme,et rejeté cette pensée). Allaité difficilement 5 mois et demi. Passage au biberon assez facile,c'était moins dur pour lui de téter bon apétit,éveils nombreux, il était la plupart du temps dans les bras. A cette époque il s'éveillait très tôt et passait plusieurs heures dans les bras de son père,très sage mais recherchant le contact surtout auditif et tactile. A 8 mois nous avons noté un strabisme divergent ,a eu des lunettes à 10 mois."
 
"Il ne joue pas avec les jouets ni les portiques pour bébé. Nous avons alors pensé , qu'il n'avait pas d'effort à faire pour jouer puisque les grands jouaient à sa place. Ses bras restaient le long du corps quand il était allongé, il ne cherchait jamais à descendre des bras même après 18 mois.Il a parlé assez tôt,très lentement en articulant beaucoup."
 
Vers l'âge de 3 ans, il se mit à avoir assez souvent des fausses routes alimentaires. Ses rythmes veille sommeil étaient irréguliers, Joachim pouvant dormir de 20 h à midi le lendemain.
 
"A 2 ans et demi, il ne marchait presque pas; il gardait les bras en chandeliers,cuisses antéro fléchies, le pédiatre consulté parle d'hypotonie préconise des séances de psychomotricité (méthode Padovan) qui apporteront des progrès rapides. Il est resté deux mois sans parler en bavant beaucoup, puis il s'est remis à parler, peut être avec moins d'efforts.
Il a eu un EEG: négatif (en janvier 2001). On nous parle alors d'un syndrome cérébelleux. A cette époque il dormait jusqu'à midi."
 
"A quatre ans : IRM anomalies discrètes de la substance blanche pouvant témoigner d'une souffrance anoxique néonatale à minima. A 6 ans se rajoute le diagnostique de dyspraxie, et je découvre sa prosopagnosie à 6 ans et 4 mois. Lui, en prend conscience et en souffre à 7 ans. A 7 ans et 3 mois il est exploré a LENA UPR 640, on retrouve une prosopagnosie associée à un trouble d'orientation dans l'espace, c'est à ce moment qu'il découvre seul son anosmie"
 
Joachim n'a jamais exprimé de sensation de faim. "Les troubles alimentaires de J sont liés à une non reconnaissance des aliments, peu de goût, pas de sensation de faim ( il a parfois soif), pas d'odeur. Il aime la nourriture en fonction de la texture (lisse, sans petits morceaux qui provoquent un réflexe nauséeux, les choses très salées (pizza) très sucrées (chocolat). Il ne mange aucun fruit, pas de crudités, les légumes en purée, aucune viande dure à mâcher, plutôt du poisson. A longtemps fait des fausses routes, même encore avec sa salive."
 
Joachim ne bâille ni le matin, ni le soir, ni dans la journée. Il le fait parfois seulement en voiture. Il sait aussi faire semblant, de temps en temps, en faisant remarquer qu'il bâille, car il a intégré que le code social du bâillement signifie l'ennui.
 
Le développement intellectuel était normal sans symptôme d'autisme mais avec des troubles de l'équilibre et des gestes dysmétriques. Sa maman était intriguée par des comportements erronés comme des attitudes affecteuses envers des inconnus de passage mais sans reconnaître ses proches comme les membres de la famille.
 
C'est sa maman qui remarqua sa difficulté à reconnaître les visages hors aide émotionnelle. Vers l'âge de six ans, Joachim confirma qu'il ne reconnaissait pas les visages. Sa maman fit le diagnostic de prosopagnosie évolutive.
 
Il a parfois des chutes de tonus, limitées à un fléchissement de la tête et du cou, comme une cataplexie incomplète mais sans somnolence diurne ou accès involontaires de sommeil. "A l'heure actuelle il dort de 20 heures 30 à 7 heures mais utilise un réveil pour savoir s'il peut se lever; il a un sommeil agité, léger, facilement réveiller. Il est toujours fatigué et le dit, même au saut du lit, il relâche son maintien et s'affaisse un peu sur lui; cela se répète plusieurs fois dans la journée."
 
"Il semble avoir bâillé en juin 2005, à 8 ans; depuis cela semble extrêmement rare mais il simule un bâillement pour exprimer sa lassitude"
 
Le bilan a retrouvé une anosmie par agénésie des bulbes olfactfs, un syndrome cérébelleux. Depuis un an, il semble s'installer une asymétrie du développement facial avec déviation de la cloison nasale et asymétrie des maxillaires et des dents.
 
Il a été exploré à La Salpêtrière (IRM, IRMf, potentiels évoqués) et aux Enfants Malades. "Au PET scan : hypo débit parietal"
 
Un syndrome de Kallmann - de Morsier est évoqué. Des bilans hormonaux sont prévus.
 
Syndrome de Kallmann - de Morsier Orphanet
 
Kallmann syndrome (KS) is a congenital genetic disorder characterized by the association of hypogonadotropic hypogonadism (HH) due to gonadotropin-releasing hormone (GnRH) deficiency, and anosmia or hyposmia (with hypoplasia or aplasia of the olfactory bulbs). The prevalence is reported at 1/8,000 males and 1/40,000 females, but may be underestimated. Most cases are diagnosed at the time of puberty due to lack of sexual development, but KS may also be suspected in infancy in males with cryptorchidism and micropenis.
 
The main clinical features consist of the absence of spontaneous puberty and a partial or total loss of the sense of smell (anosmia) in both sexes. Other possible signs include mirror movements of the upper limbs (bimanual synkinesis), unilateral (occasionally bilateral and lethal) renal aplasia, cleft lip or palate, dental agenesis, and hearing impairment. KS is caused by impaired development of the olfactory system and disrupted embryonic migration of the GnRH-synthesizing neurons from the olfactory epithelium to the hypothalamic region of the brain. The majority of reported cases were sporadic. Three modes of inheritance have been described in familial forms: X-linked recessive, autosomal dominant (with incomplete penetrance) and, more rarely, autosomal recessive.
 
However, in an undetermined proportion of the patients, transmission may be digenic or oligogenic. To date, five causative genes have been identified: KAL1 (Xp22.3), responsible for the X-linked form, and FGFR1 (8p12) FGF8 (10q24), PROKR2 (20p13), and PROK2 (3p21.1), which are involved in the autosomal forms. Other genes involved in KS remain to be discovered as mutations in the genes identified so far are detected in less than 30% of the patients.
 
Diagnostic methods consist of hormone evaluation (sex hormone dosage and GnRH stimulation tests), as well as qualitative and quantitative evaluation of the sense of smell (olfactometry). Morphological analysis of the olfactory bulbs by magnetic resonance imaging (MRI) can be useful (especially in young children, whose sense of smell is difficult to evaluate). Differential diagnoses include isolated GnRH deficiency (normosmic idiopathic hypogonadotropic hypogonadism) and CHARGE syndrome, which combines KS with various additional developmental anomalies (see these terms). Genetic counseling should be adapted to each family, taking into account the wide variability in clinical expression, even within the same family, as well as the possibility, in sporadic cases, of an FGFR1 neomutation. Hormonal replacement therapy is used to induce puberty, and later, fertility. There is no current treatment available for anosmia. With treatment, onset of puberty occurs in all cases, and fertility is achieved in most cases.
 
 
Le syndrome de Kallmann Orphanet est une maladie génétique du développement embryonnaire caractérisée par l'association d'un hypogonadisme hypogonadotrophique par déficit en gonadolibérine (GnRH) et d'une anosmie ou hyposmie (avec hypoplasie ou aplasie des bulbes olfactifs). Sa prévalence (probablement sous-estimée) serait d'environ 1/8 000 garçons et 1/40 000 filles. Les principales manifestations cliniques sont : l'association d'un micropénis et d'une cryptorchidie chez le jeune garçon (inconstant), une absence de puberté spontanée (circonstance la plus fréquente de découverte de la maladie) et un déficit partiel ou complet de perception des odeurs chez les deux sexes.
 
D'autres anomalies peuvent être associées, notamment des mouvements en miroir des membres supérieurs (syncinésies controlatérales d'imitation), une aplasie rénale unilatérale (ou parfois bilatérale, non viable), une fente labiale ou palatine, une agénésie dentaire, une surdité. Le syndrome de Kallmann est dû à un défaut du développement du système olfactif et de la migration embryonnaire des neurones synthétisant la GnRH.
 
Une prédominance des cas sporadiques est notée. Dans les formes familiales, trois modes de transmission ont été décrits : récessif lié au chromosome X, autosomique dominant, ou autosomique récessif. On sait aujourd'hui qu'une transmission oligogénique de la maladie est également possible, dans une proportion qui reste à déterminer. A ce jour, cinq gènes responsables de la maladie ont été identifiés : KAL1, responsable de la forme liée au chromosome X, et FGFR1, FGF8, PROKR2, PROK2, impliqués dans les formes de transmission autosomique. Une mutation dans l'un de ces gènes n'est cependant retrouvée que dans moins de 30% des cas. Plusieurs autres gènes restent à découvrir. Les méthodes de diagnostic biologique utilisent les explorations hormonales (dosage des hormones sexuelles, test de stimulation par la GnRH) et l'exploration qualitative et quantitative de l'odorat (olfactométrie).
 
Une analyse morphologique des bulbes olfactifs en imagerie par résonance magnétique (IRM) peut être utile (notamment chez le jeune enfant, chez qui il est difficile d'évaluer cliniquement l'odorat). Le diagnostic différentiel inclut le déficit isolé en GnRH (hypogonadisme hypogonadotrophique sans anosmie) et le syndrome CHARGE (voir ce terme), qui comporte diverses autres anomalies du développement embryonnaire en plus d'un syndrome de Kallmann. Le conseil génétique doit être adapté à chaque famille. Il doit prendre en compte la forte variabilité phénotypique, y compris au sein d'une même famille, et, pour les cas sporadiques, la possibilité qu'ils résultent d'une néomutation de FGFR1. Le traitement consiste en une induction hormonale de la puberté, et ultérieurement, une induction hormonale de la fertilité. Il n'existe pas de traitement de l'anosmie. Grâce au traitement hormonal, la puberté se produit dans tous les cas, et la fertilité peut être obtenue dans la plupart des cas
 
Functional MRI reveals compromised neural integrity of the face processing
network in congenital prosopagnosia.
Avidan G, Behrmann M
Curr Biol.
2009;19(13):1146-1150
 
Visual mental imagery in congenital prosopagnosia
Grüter T, Grüter M, Bell V, Carbon CC.
Neurosci Lett.
2009;453(3):135-140
 
Implicit familiarity processing in congenital prosopagnosia.
Avidan G, Behrmann
J Neuropsychol.
2008;2(Pt 1):141-164
 
Neural and genetic foundations of face recognition and prosopagnosia.
Grüter T, Grüter M, Carbon CC.
J Neuropsychol.
2002;(Pt 1):79-97
 
Psychosocial consequences of developmental prosopagnosia: a problem of
recognition.
Yardley L, McDermott L, Pisarski S, Duchaine B, Nakayama K.
J Psychosom Res.
2008;65(5):445-451.
 
 
 
http://www.faceblind.org
 
http://www.orpha.net
 
http://www.whonamedit.com