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                      Pourquoi
                     bâillons-nous ? Revue des théories
                     d'Hippocrate à nos jours Walusinski O
                     2014    Le bâillement est un comportement
                     phylogénétiquement ancien, puisque
                     déjà présent chez les
                     reptiles, retrouvé chez les poissons, les
                     oiseaux et les mammifères. Il
                     apparaît chez l'homme dès la
                     douzième semaine de la vie
                     intra-utérine. Ces deux
                     caractéristiques indiquent son importance
                     au regard des lois de l'Evolution et de
                     l'ontogenèse. Un peu comme pour le
                     sommeil, sa finalité physiologique reste
                     mystérieuse et l'objet de débats:
                     stimulation de la vigilance, refroidissement
                     cortical, langage non verbal,
                     extériorisation de l'activité
                     parasympathique, etc. Les travaux qui lui ont été
                     consacrés, en regard de son
                     intérêt en pharmacologie
                     expérimentale, ont dévoilé
                     l'intrication de deux voies principales
                     dopaminergique et ocytocynergique au niveau
                     septo-hippocampique et du noyau
                     paraventriculaire de l'hypothalamus agissant par
                     une stimulation commune, exécutive,
                     cholinergique au niveau du tronc
                     cérébral (noyaux des nerfs V, VII,
                     IX, X, XI et XII) et de la moelle cervicale
                     C1-C4, afin de réaliser ce pattern
                     comportemental chronologiquement
                     stéréotypé. Alors que bâiller nous arrive,
                     à tous, de 3 à 8 fois par jour,
                     soit environ 200 000 fois au cours d'une vie, la
                     médecine du XX° siècle semble
                     l'avoir oublié aussi bien comme
                     symptôme que pour sa pathologie propre.
                     Les traités de médecine du
                     XVII°, XVIII° et du XIX°
                     siècle y faisaient pourtant
                     régulièrement
                     référence, essentiellement comme
                     symptôme pronostique d'une
                     évolution péjorative, des
                     fièvres, des hémorragies ou des
                     "léthargies". Le bâillement a une
                     particularité unique. Comme tout
                     comportement physiologique, il a sa pathologie
                     propre, que nous allons parcourir. Mais tout en
                     étant physiologique il peut soulager
                     d'autres pathologies (comme les dysfonctions
                     tubotypaniques d'altitude ou inflammatoires de
                     l'oreille moyenne) ou en déclencher
                     d'autres. En effet, le bâillement est la
                     première cause de la luxation de la
                     mâchoire, il peut être le facteur
                     déclenchant d'une dystonie
                     oromandibulaire, d'une névralgie
                     glossopharyngée. Il a été
                     rapporté comme cause de dissection
                     carotidienne, d'une fracture de l'apophyse
                     styloïdienne ou d'une calcification du
                     ligament stylohyoïdien (syndrome
                     d'Eagle). Régulièrement, des patients se
                     présentent à nos consultations en
                     parlant de leurs bâillements qui, souvent,
                     les importunent. L'ignorance de
                     l'intérêt diagnostique de ce
                     trouble fait éluder, à tort, ce
                     symptôme. Dans d'autres circonstances, un
                     questionnement orienté libère
                     l'expression d'une gêne enfouie et
                     cachée par une sorte de tabou culturel.
                     Comme dans bien d'autres situations, la clinique
                     domine et les examens complémentaires
                     resteront accessoires. Un vrai bâillement spontané,
                     non inhibé par les convenances sociales,
                     apporte une brève sensation de plaisir.
                     La perte d'un déroulement harmonieux du
                     bâillement est un motif fréquent
                     d'interrogation. Ce symptôme
                     révèle un état de tension
                     psychique (stress) teinté d'hypochondrie.
                     Les techniques de relaxation, véritables
                     reprogrammation du schéma corporel,
                     apporteront le plus souvent un retour à
                     un bâillement agréablement
                     ressenti. La disparition du bâillement ne
                     paraît pas avoir de conséquences
                     dommageables. On peut la constater dans des
                     syndromes extra-pyramidaux (Maladie de
                     Parkinson, neuroleptiques) ou lors de la prise
                     régulière d'opiacés ou
                     d'excès de consommation de
                     caféine. Dans ces deux dernières
                     circonstances, à leur cessation, des
                     salves de bâillements
                     répétés, témoignent,
                     entre autres, d'un syndrome de sevrage. Deux types de consultations peuvent
                     nettement être distingués: les
                     bâillements répétés
                     associés à d'autres signes
                     cliniques ou des bâillements
                     répétés isolés. Les bâillements
                     répétés (10 à 30
                     successifs par exemple) s'intègrent au
                     sein d'un riche tableau sémiologique dans
                     au moins deux circonstances
                     fréquentes:1°) Lors de l'installation du malaise
                     vagal, la pâleur, les sueurs froides, le
                     flou visuel les accompagnent et
                     précèdent la perte de
                     connaissance. Lors d'un geste médical
                     invasif ou lors de l'induction
                     anesthésique, ce cortège
                     symptomatique doit alerter le praticien de
                     l'imminente perte de connaissance et du risque
                     éventuel de chute associée.2°) De nombreux migraineux connaissent
                     un déroulement
                     stéréotypé de leur crise.
                     Pour certains, des salves de bâillements
                     sont une véritable aura; parfois, pour
                     d'autres, elles seront le signe de la cessation
                     proche de la phase douloureuse.  SémiologieBien différente est la consultation
                     pour bâillements
                     répétés. L'enjeu est de
                     porter un diagnostic précis et distinguer
                     l'excès de bâillements,
                     symptôme d'une pathologie neurologique
                     lésionnelle et l'excès de
                     bâillements maladie propre. Il faudra
                     préciser la sémiologie en
                     quantifiant la plainte (nombre de
                     bâillements par jour; rechercher
                     l'existence de salves définies par plus
                     de 5 bâillements successifs en
                     série), analyser les circonstances de
                     survenue (horaires notamment post-prandial,
                     signes associés tels les
                     étirements ou pandiculations, sensations
                     dyspeptiques). Il ne faut pas négliger le
                     retentissement socio-affectif : est-ce
                     l'intéressé qui peine de ses
                     salves de bâillements ou l'entourage ? Ou
                     au contraire y a-t-il une satisfaction
                     recherchée, une sensation
                     libératoire après les
                     bâillements ? Les bâillements
                     interfèrent-ils avec l'activité
                     quotidienne? L'interrogatoire devra
                     préciser toutes les prises
                     médicamenteuses prescrites ou
                     auto-médiquées, en particulier
                     celles d'antidépresseurs,
                     d'anti-épileptiques,
                     d'anti-cholinestérasiques ou de
                     dopaminergiques. Le sommeil et l'éveil
                     devront être estimés de
                     façon précise, notamment avec
                     l'aide d'agenda du sommeil et le questionnement
                     du conjoint. Seront ainsi
                     détaillés la qualité
                     réparatrice du sommeil, l'existence d'une
                     somnolence diurne excessive (échelle
                     d'Epworth), d'un ronflement et de pauses
                     respiratoires associées évocateur
                     d'un syndrome d'apnées du sommeil. L'interrogatoire permettra,
                     également, de cerner le profil
                     psychologique du consultant
                     (anxiété dépression,
                     troubles obsessionnels). L'examen clinique
                     s'efforcera de déceler des mouvements
                     anormaux, des signes évoquant une
                     dysfonction hypothalamo-hypophysaire avec
                     estimation du champ visuel, et examen de la
                     motricité oculaire extrinsèque
                     (aménorrhée- galactorrhée
                     de l'adénome à prolactine ;
                     modification cheiro-faciale de
                     l'acromégalie), symptômes
                     évocateurs d'une hypertension
                     intracrânienne, des séquelles d'un
                     accident vasculaire cérébral, d'un
                     syndrome frontal, de mouvements anormaux (tics
                     moteurs).  Diagnostic 1°) La cause la plus fréquente
                     de bâillements trop fréquents est,
                     à notre époque, l'origine
                     iatrogène. De nombreux médicaments
                     utilisés en neurologie et en psychiatrie
                     peuvent en être responsables. Les
                     antidépresseurs, en particulier les
                     sérotoninergiques (SSRI), sont les plus
                     souvent retrouvés. C'est un effet de
                     classe pharmacologique et toutes les
                     molécules ont été
                     impliquées (fluoxetine, paroxetine,
                     escitalopram, duloxetine, venlafaxine etc). Ce
                     symptôme est très souvent mal
                     interprété tant par les patients
                     que par leurs thérapeutes.
                     Rapportés à l'asthénie,
                     à la persistance d'un état
                     dépressif, à un manque
                     d'efficacité du traitement, ces
                     bâillements répétés
                     fréquents peuvent conduire, à
                     tort, à une augmentation des posologies
                     préconisées, ce qui accentue le
                     trouble, alors que l'arrêt des prises
                     permet la disparition des symptômes en
                     quelques jours. Il n'existe jamais de somnolence
                     associée. Cet effet a été
                     parfois associé à une
                     érection clitoridienne et des orgasmes
                     involontaires. Les SSRI sont pourtant
                     considérés comme mieux
                     tolérés que les tricycliques ou
                     les IMAO. Il n'est pas aisé
                     d'interpréter le mécanisme,
                     inconstant, présidant à cet effet
                     secondaire. En effet à côté
                     de leur activité agoniste
                     sérotoninergique (récepteurs
                     5HT4?), ces molécules ont aussi des
                     effets adrénergiques, cholinergiques
                     muscariniques et histaminergiques. Il n'existe
                     aucune notion statistique évaluant la
                     fréquence de cet effet iatrogène
                     ni d'expertise ayant montré qu'une
                     association avec un autre psychotrope le
                     dévoile. Très curieusement, alors
                     que les antidépresseurs imipraminiques
                     ont des effets secondaires atropiniques, donc
                     inhibiteurs des bâillements, et sont
                     réputés engendrer une impuissance,
                     des observations on été
                     rapportées de salves de bâillements
                     trop fréquents accompagnant des orgasmes
                     involontaires sous clomipramine. Les agonistes
                     de la dopamine: le chlorydrate d'apomorphine est
                     utilisé en injection lors
                     d'épisodes de blocage moteur chez le
                     parkinsonien afin de restituer une
                     motricité. Le bâillement est alors
                     nettement décrit par les patients, non
                     comme une gêne, mais comme l'annonce du
                     déblocage attendu et témoigne du
                     début de l'effet thérapeutique. Le
                     chlorydrate d'apomorphine, à plus faibles
                     doses par voie orale, est utilisé dans
                     l'impuissance masculine. Les notices, jointes au
                     produit, indiquent le bâillement en effet
                     secondaire, rarement rapporté, au cours
                     des études cliniques initiales. Aucune
                     donnée de suivi depuis la
                     commercialisation n'est accessible. Les
                     données pour les autres dopaminergiques
                     (Bromocrytpine, Lisuride, Pergolide, Ropirinole,
                     Pramipexole, Sélégiline,
                     Piribedil) manquent sans doute faute d'une
                     pharmacovigilance éclairée car les
                     modèles animaux plaident pour le
                     même risque iatrogène. 2°) Le syndrome d'apnées du
                     sommeil touche près de 10% de la
                     population. Les endormissements
                     répétés inappropriés
                     ne résument pas la symptomatologie. A
                     côté des difficultés
                     cognitives et attentionnelles, la somnolence
                     diurne est très fréquente et des
                     bâillements répétés y
                     sont associés, voir parfois sont la
                     plainte principale en raison de la gêne
                     sociale engendrée. C'est la
                     deuxième cause de bâillements
                     excessifs en consultation. 3°) JM. Charcot présente en
                     1888, une patiente de 23 ans décrite par
                     G. Gilles de la Tourette (1890) comme
                     hystérique. Elle est
                     aménorrhéique, épileptique,
                     atteinte d'une amputation bi-temporale du champ
                     visuel et bâille 480 fois par heure. Il
                     est probable qu'elle développait, en
                     réalité, un adénome de
                     l'hypophyse à prolactine. En fait, tous
                     bâillements trop fréquents doivent
                     faire évoquer une pathologie
                     hypothalamo-hypophysaire dont les
                     mécanismes peuvent être un
                     excès de sécrétion
                     d'ocytocine, d'autres neuro-médiateurs ou
                     un relargage inadapté par compression
                     (GH). 4°) Le bâillement, au cours de la
                     pathologie vasculaire cérébral,
                     peut être étudié sous
                     plusieurs angles. Lors de l'installation de
                     l'accident, qu'il soit ischémique ou
                     hémorragique les troubles de la vigilance
                     s'accompagnent de salves de bâillements,
                     que la victime soit consciente ou inconsciente.
                     Ceci peut-être dû à
                     l'hypertension intracrânienne secondaire
                     à l'accident. En cas de coma profond
                     (Glasgow = 3), l'apparition de bâillements
                     répétés est un signe
                     d'engagement, de fâcheux pronostic. En
                     dehors de cette évolution gravissime, les
                     bâillements contemporains de l'accident
                     vasculaire témoignent d'une souffrance
                     des circuits cortico sous-corticaux et d'un
                     mécanisme de stimulation secondaire de la
                     vigilance contrôlée par la
                     substance réticulée du tronc
                     cérébral, mécanisme
                     probablement commun aux bâillements
                     survenant au décours d'une crise
                     d'épilepsie partielle temporale. Dans
                     deux tableaux d'accident vasculaire, la
                     persistance de bâillements et
                     d'expressions émotionnelles de la face
                     signe la dissociation automatico-volontaire. En
                     cas de locked-in syndrome par occlusion du tronc
                     basilaire, il existe une quadriplégie
                     associée à une paralysie faciale
                     bilatérale mais les bâillements
                     physiologiques subsistent. De même, lors
                     d'un syndrome bi-operculaire ou syndrome de
                     Marie-Foix-Chavany, les muscles de la face, de
                     la langue et du pharyngo-larynx sont
                     paralysés pour tout acte volontaire ou
                     l'articulation du langage, avec une perte du
                     sourire ou des grimaces volontaires alors que
                     l'expression des émotions, l'occlusion
                     automatique des yeux, le rire, la toux, la
                     déglutition ou le bâillement
                     restent possibles. 5°) L'hypertension intracrânienne
                     peut se révéler par des
                     céphalées, des troubles de la
                     vigilance associés à des salves de
                     bâillements, à des convulsions,
                     qu'elle soit liée à une accident
                     vasculaire cérébral, à une
                     tumeur, à un traumatisme crânien.
                     Certains scores de coma utilisés aux USA
                     prennent en compte la présence de
                     bâillements dans ces situations. Les
                     états végétatifs d'origine
                     post-ischémique ou autres s'illustrent
                     également par une dissociation
                     automatico-volontaire avec persistance de
                     bâillements fréquents. 6°) Peu d'intérêt sont
                     portés aux troubles comportementaux
                     précédant ou succédant
                     à une crise épileptique, de
                     quelques minutes à plusieurs heures.
                     Pourtant, ces anomalies peuvent apporter des
                     éléments d'orientation afin de
                     localiser l'origine anatomique des crises
                     focales. Avant comme après une crise
                     d'épilepsie temporale, et parfois
                     frontale, on peut observer différents
                     automatismes tels des frottements
                     digitaux-nasaux, des bâillements ou des
                     soupirs. JH. Jackson écrivait vers 1876:
                     "Ces symptômes ne surviennent pas pendant
                     mais après le paroxysme de la crise; ce
                     sont des mouvements trop bien coordonnés
                     pour résulter de la décharge
                     épileptique; il existe, je pense, une
                     double condition: 1) négativement une
                     perte de contrôle; 2) positivement,
                     augmentation de l'activité de centre
                     inférieur fonctionnel. En tous cas,
                     l'association ou la séquence gestuelle,
                     est très significative". En accord avec
                     les données éthologiques, on
                     retrouve une origine
                     phylogénétique à ces
                     comportements stéréotypés.
                     On les remarque au cours de la vie foetale et
                     ils perdurent en période post-natale et
                     tout au long de la vie. Se gratter le visage, se
                     frotter le nez, bâiller, soupirer ont
                     été décrits comme
                     comportements automatiques avant ou après
                     des absences, des crises épileptiques du
                     réveil. On peut également les
                     observer chez des sujets sains au sortir du
                     sommeil. Leur vélocité harmonieuse
                     ou pas, leur répétition
                     brève ou prolongée les distinguent
                     en physiologiques, à l'éveil, ou
                     pathologiques par exemple dans
                     l'épilepsie temporale. Ces automatismes
                     comportementaux sont rapportés à
                     l'activation du tronc cérébral ou
                     de la moelle épinière,
                     siège de leurs centres moteurs et
                     intégrateurs. Le cortex, où
                     siège la crise épileptique,
                     n'intervient pas. On verrait donc
                     réapparaître des automatismes
                     comportementaux ancestraux essentiels pour la
                     survie (tels la marche, la nage, la copulation
                     et d'autres activités rythmiques à
                     laquelle appartient le bâillement) par une
                     déconnexion corticale ictale
                     libératrice. A côté de
                     l'association épilepsie temporale et
                     bâillements, W. Penfield (1954) a
                     décrit un type rare d'épilepsie,
                     l'épilepsie diencéphalique, dont
                     l'existence a été mise en doute
                     par certains épileptologues. Elle associe
                     une stimulation brutale des activités
                     sympathiques et parasympathiques: sensation de
                     déconnexion avec l'environnement sans
                     perte de connaissance, des orages vasomoteurs
                     avec rougeur, sueurs profuses, montées et
                     descentes rapides de la température
                     corporelle, du pouls, de la pression
                     artérielle, larmoiement, salivation,
                     inégalités pupillaires,
                     irrégularités du rythme
                     ventilatoire. Des salves de bâillements et
                     de hoquets irrépressibles accompagnent ce
                     tableau spectaculaire et très
                     pénible. 7°) A la frontière entre
                     épilepsie de type absence et origine
                     psychogénique, l'hyperventilation
                     prolongée, volontaire ou inconsciemment
                     induite, peut altérer le niveau de
                     conscience, mimant une crise épileptique,
                     avec apparition de mouvements automatiques
                     à type de sourires, mouvements de
                     déglutition et bâillements. Les
                     émotions positives ou négatives
                     s'accompagnent physiologiquement de
                     modifications de l'activité
                     cardio-respiratoire médiées par le
                     système nerveux autonome. Ainsi,
                     l'augmentation de la fréquence
                     ventilatoire est un des signes de la panique. Le
                     syndrome d'hyperventilation est en
                     lui-même un tableau névrotique,
                     créant une alcalose respiratoire
                     accompagnée dans plus de 30% des cas de
                     bâillements espacés et
                     répétés qu'on peut analyser
                     comme une contre stimulation parasympathique
                     homéostasique. L'utilisation de
                     techniques de relaxation et de yoga, propres
                     à déclencher des bâillements
                     relaxants permettent de traiter ces
                     troubles. 8°) En 2006, dans une étude
                     publiée uniquement sur internet, SR.
                     Gallezzo, du Holyoke Community College
                     (Massachusetts, USA), a montré, sur un
                     petit échantillon de 31 consultants,
                     l'existence d'un lien entre la fréquence
                     des bâillements rapportés par des
                     dépressifs et l'importance de la
                     dépression. L'analyse statistique des
                     résultats retrouve un lien significatif:
                     plus le patient bâille, plus son
                     état dépressif est
                     sévère. C'est la première
                     fois que ce type d'étude était
                     réalisée. 9°) Il est bien rare actuellement de
                     connaître un schizophrène ne
                     prenant pas de neuroleptique qui, par leur mode
                     d'action, inhibent les bâillements. Par le
                     passé, la réapparition de
                     bâillements chez un schizophrène a
                     été interprété comme
                     une reprise de contact avec l'environnement et
                     la socialisation. Des salves de
                     bâillements, comme dans au moins trois des
                     cinq cas rapportés par Gilles de la
                     Tourette en 1890, peuvent avoir une cause
                     psychogénique, forme de langage non
                     verbal. Ils sont décrits comme une
                     urgence irrépressible succédant
                     à une sensation de boule
                     épigastrique avec serrement ascendant
                     rétrosternal, soulagée par
                     l'exécution des temps ventilatoires du
                     bâillement, apportant un bref plaisir
                     proche de celui décrit par les tiqueurs.
                     Sandy (1987) a rapporté une série
                     de 5 patients débutant une maladie de
                     Steel-Richardson-Olszewski, ou paralysie
                     nucléaire progressive par des troubles de
                     l'équilibre, des troubles oculomoteurs et
                     des salves de bâillements
                     répétés, réduites
                     par la prise d'agonistes dopaminergiques.
                     Louwerse (1998) rapporte sur une série de
                     200 malades atteints d'une maladie de Charcot ou
                     sclérose latérale amyotrophique
                     à forme bulbaire l'existence
                     d'excès de bâillements en salves
                     chez 10% d'entre eux. Wicks (2007) retrouve ce
                     trouble chez 47% d'une série de 539 cas.
                     Présents à l'installation de la
                     maladie, simultanément à
                     l'apparition de troubles de la
                     déglutition, ces bâillements
                     disparaissent à mesure de l'aggravation
                     de la paralysie. Une poussée bulbaire de
                     sclérose en plaques peut occasionner le
                     même tableau.  Au terme de ce vaste panorama, on peut
                     schématiser la consultation de patient se
                     plaignant de bâillements excessifs. La
                     première étape consiste à
                     chercher un effet iatrogène, cause la
                     plus fréquente. Puis la recherche d'une
                     somnolence anormale, d'une dette de sommeil
                     devrait permettre d'évoquer un syndrome
                     d'apnées du sommeil. Les causes
                     fonctionnelles exprimant une souffrance
                     anxieuse, éventuellement associée
                     à un syndrome d'hyperventilation feront
                     conseiller un traitement par relaxation et yoga.
                     On en rapprochera les troubles dyspeptiques.
                     L'examen clinique cherchera une anomalie
                     endocrine hypophysaire, un syndrome
                     d'hypertension intra-crânienne, une
                     épilepsie partielle temporale, un
                     accident vasculaire cérébral.
                     Enfin des bâillements
                     répétés peuvent appartenir
                     à une maladie des tics. 
                     
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