Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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Le bâillement foetal
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mise à jour du
12 novembre 2009
 
 
Antoine Pierret
1845 - 1920
 
 O. Walusinski
 
Les internes de JM. Charcot
 
 Les biographies de neurologues
 
La lettre d'information du site 
 
L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
 
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier  
 
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Dans une Leçon de juin 1868, Charcot avait présenté « deux cas d'atrophie musculaire progressive avec lésions de la substance grise et des faisceaux antéro-latéraux de la moelle épinière ». Mais c'est de 1874, que date la publication complète, réellement princeps, de la sclérose latérale amyotrophique devenue maladie de Charcot en Europe et Lou Gehrig's disease en Amérique du Nord.
 
Né à Verdun, Antoine-Auguste Pierret (1845-1920) est reçu interne en 1871 et succède chez Charcot, en cette année 1874, à Debove. Charcot l'oriente vers son laboratoire. Ils publièrent ensemble le résultat de leurs recherches sur « L'altération de la substance grise de la moelle épinière dans l'ataxie locomotrice, considérées dans leurs rapports avec l'atrophie musculaire qui complique quelquefois cette affection » dans les Archives de physiologie. Pierret soutint sa thèse en 1876 sur « Les symptômes céphaliques du tabès dorsalis » dans laquelle il conteste tout rôle au cervelet dans l'ataxie et argue de lésions du trijumeau et du nerf auditif dans le tabès pour confirmer le rôle essentiel de l'atteinte lésionnelle des cordons et racines postérieures de la moelle.
 
antoine pierret
Antoine-Auguste Pierret en 1874
 © Extrait de l'Album de l'internat de La Salpêtrière conservé à la Bibliothèque Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière
(Université Pierre et Marie Curie, Paris)  
 
Aussitôt après, il est nommé professeur d'anatomie pathologique à l'ouverture de la nouvelle faculté de Lyon en 1877. Avant d'être interne de Charcot, il avait commencé des travaux d'anatomie pathologique consacrés à l'étude du développement de la moelle chez l'être humain comparativement aux animaux qui paraîtront dans les Archives de Physiologie de septembre 1873. Des études analogues parurent quinze jours plus tard dans Archiv der Heilkunde sous la signature de Paul Flechsig (1847-1929) de Leipzig.Pierret revendiqua haut et fort la paternité de ce travail : « Je tiens à m'élever contre la prétention de M. Flechsig à s'attribuer la découverte de cette loi : que les régions du système nerveux physiologiquement distinctes jouissent d'une évolution anatomique spéciale et le plus souvent suffisante pour faire prévoir leurs aptitudes pathologiques. La connaissance de cette loi que M. Flechsig ne craint pas de donner comme un résultat nouveau de ses recherches, est le fruit déjà ancien de celles que j'avais entreprises sous la direction de M. Charcot, à La Salpêtrière ».
 
Son expertise le porta vers l'étude approfondie de l'anatomie du nerf trijumeau et, là encore, de l'anatomie comparée avec « les vertébrés inférieurs ». Victime de malaises répétés au laboratoire, probablement par intoxication formolée, il obtient d'abandonner sa chaire pour celle des maladies mentales.
 
Réputé pour ses cours de clinique psychiatrique, donnés à l'Asile de Bron, il s'inspira de Charcot en donnant des causeries attirant une foule de curieux non-médecins qui jubilaient de l'éloquence avec laquelle il lançait des formules imagées qu'il associait à des dons d'acteur pour mimer les malades, servi en cela par une belle prestance. Il tenta de montrer par ses recherches que des infections ou des intoxications pouvaient être la cause de maladies mentales.
 
Enfin sa mémoire est attachée à son rôle d'expert judiciaire dans « L'affaire Vacher ». Joseph Vacher (1869-1898), tueur en série, surnommé « l'éventreur du Sud-Est », militaire connu pour ses violences, est placé, en 1893, à l'asile après avoir tiré sur une jeune femme qui refusait de l'épouser. Ayant retourné l'arme contre lui, il reste sourd avec une paralysie faciale. Un rapport médico-légal le déclare atteint d'aliénation mentale avec délire de persécutions le rendant irresponsable de ses actes. Après être resté interné un an, il est libéré et déclaré guéri. Vagabond sans ressources, il assassine sa première victime un mois plus tard. Suivront onze autres meurtres abominables, suscitant une puissante réprobation populaire en raison des mutilations génitales qu'il faisait subir à toutes ses victimes. Il n'est seulement arrêté qu'en 1897, en flagrant délit. L'affaire défraie la chronique, d'autant que Vacher offre ses aveux dans une lettre en forme de déclaration « A la France » parue dans « Le Petit Journal ».
antoine pierret
 
Une immense campagne d'opinions oppose les tenants de l'irresponsabilité pour cause de maladie mentale et les tenants de la légitime nécessité de la société de se séparer de tels criminels dangereux. Le juge d'instruction, insatisfait d'une première expertise concluant à l'irresponsabilité, nomme trois sommités lyonnaises : Alexandre Lacassagne (1843-1924), professeur de médecine légale, Auguste Pierret et Fleury Rebatel (1845-1905) directeur d'un asile de Lyon. Ils rendent, en 1898, leurs conclusions : Vacher est un assassin sadique et simulateur apte à la condamnation. Il sera exécuté. Le rapport final illustre une évolution majeure des expertises psychiatriques de cette fin de siècle. Alors que Vacher aurait probablement été, dans le premier tiers du XIXe siècle, considéré par les médecins aliénistes comme un irresponsable, les experts de 1897 ont concilié dans leur appréciation le diagnostic de l'anormalité psychique avec un constat de responsabilité pénale.
 
Cette position préfigure un processus de responsabilisation des malades mentaux qui sera toujours en débat un siècle plus tard... Le cinéaste Bertrand Tavernier s'est inspiré de cette histoire en tournant son film « Le juge et l'assassin » en 1976.
auguste pierret
pierret