- Encephalitis
                     lethargica
 
                     
                     - Encéphalite
                     léthargique
 
                     
                     -  
 
                     
                       
                     
                     -  
 
                     
                     - Charles Achard, externe des hôpitaux
                     en 1879, interne en 1882, médecin des
                     hôpitaux en 1893, agrégé en
                     1894, professeur de pathologie et
                     thérapeutiques générales en
                     1910, puis de clinique médicale en 1919,
                     élu à l'Académie de
                     Médecine en 1911, à
                     l'Académie des Sciences en 1929.
 
                     
                     - 
                     
                     
 
                     
                     La jeune fille de 15 ans qui est entrée
                     salle Debove, n°22, le 7 janvier, avait un
                     faciès figé, immobile ; ses
                     paupières, tombantes ne se relevaient
                     qu'avec peine et incomplètement, le bord
                     libre ne découvrant pas l'iris
                     au-delà du pôle supérieur de
                     la pupille. Elle bâillait souvent,
                     répondait péniblement aux
                     questions, en s'embrouillant dans les dates, et
                     se rendormant dès qu'on cessait
                     d'insister. Sans doute, nous apprenions par sa
                     tante qu'elle était de tout temps d'une
                     nature molle et nonchalante ; mais depuis 8
                     jours, à l'occasion d'un rhume
                     insignifiant, elle s'était mise à
                     dormir toute la journée, ne se
                     réveillant guère que pour
                     manger. 
                     
                     -  
 
                     
                     - De plus, elle se plaignait d'éprouver
                     des maux de tête et des vertiges, et de
                     voir double. On constatait, en effet, un
                     léger strabisme et de temps en temps des
                     secousses nystagmiques dans le regard à
                     gauche. La convergence des globes oculaires
                     faisait défaut, et pourtant la lecture de
                     près était possible, autant que le
                     permettait la somnolence. Les pupilles
                     réagissaient à la lumière
                     et à l'accommodation, quoique un peu
                     paresseusement. Les fonds d'yeux,
                     examinés par M, Goulfier, étaient
                     normaux. On notait quelques attitudes
                     catatoniques ; on parvenait à faire
                     marcher la malade avec une certaine
                     lenteur.
 
                     
                     -  
 
                     
                     - Mais on ne trouvait aucun autre trouble
                     moteur, ni aucune modification des
                     règles. La température
                     était à 38°, le pouls
                     à 74, Une ponction lombaire donna un
                     liquide clair, sans excès d'albumine, ni
                     réaction cellulaire. Le surlendemain 9
                     janvier, on observa quelques
                     légères secousses, de peu
                     d'amplitude au membre supérieur droit. Le
                     11, la température atteint 39°.
                     Pourtant, la somnolence diminue, surtout
                     l'après-midi. Le 14 janvier, l'apyrexie
                     est complète. Il ne persiste qu'un
                     aspect, un peu figé, une attitude un peu
                     soudée, de temps en temps, une tendance
                     au ptosis et des secousses nystagmiques. La
                     malade a quitté le service le 11
                     février, son faciès étant
                     redevenu, au dire de sa tante, ce qu'il
                     était auparavant. On lui avait fait des
                     piqûres d'iodaseptine
                     (iodobenzométhylformine). Là
                     encore, il s'agit d'une somnolence peu profonde,
                     avec un peu de fièvre, un peu de
                     nystagmus et de diplopie et quelques secousses
                     myocloniques.  
 
                     
                     -  
 
                     
                     - 
                     
                     
 
                     
                      
                     
                     - La malade de 51 ans. qui est au n° 24
                     de la salle Debove, est entrée le 23
                     janvier. Elle avait eu, elle aussi, un mal de
                     gorge et de la toux quinze jours avant; puis,
                     elle avait dû prendre le lit à
                     cause de sa fatigue. Elle dormait toute la
                     journée, et il fallait la
                     réveiller pour la faire manger. Son
                     sommeil était un peu agité par des
                     grimaces, des soubresauts de la face, des
                     marmottements, mais sans délire
                     véritable.
 
                     
                     -  
 
                     
                     - Quand nous l'avons vue, elle était
                     dans un état de sommeil qui paraissait
                     profond, pendant lequel elle marmottait.
                     mâchonnait et bâillait. Le
                     masque facial semblait figé et même
                     une fois éveillée, la malade
                     conservait un visage immobile et sans
                     expression. Elle répondait alors assez
                     bien aux questions, mais était
                     désorientée dans le temps. Depuis
                     que|ques jours, elle avait une sorte de hoquet
                     et, de temps en temps, des secousses du bras
                     droit. On voyait, en effet, l'abdomen, surtout
                     à droite, soulevé par des
                     secousses brusques, non rythmiques, survenant de
                     12 à 18 fois par minute, et ressemblant
                     à celles du hoquet, mais ne
                     s'accompagnaient pas de bruit glottique, sauf de
                     loin eu loin.
 
                     
                     -  
 
                     
                     - Dès le début de sa maladie,
                     cette femme éprouvait des troubles de la
                     vue. On ne trouvait cependant ni strabisme, ni
                     diplopie, ni troubles de la convergence. Les
                     réactions pupillaires étaient
                     seulement nu peu faibles et les papilles un peu
                     hyperémiées. Il n'y avait pas de
                     douleurs, pas de paralysie, pas de troubles des
                     réflexes. La température
                     était irrégulière et
                     atteignait parfois 39° et même
                     39°5, le 27 janvier. On notait sur chaque
                     jambe deux nodules érythémateux,
                     semblables à ceux de
                     l'érythème noueux, qui
                     étaient apparus depuis le début de
                     la maladie. Pendant quelques jours,
                     l'état parut s'aggraver: la langue
                     était sèche et la malade buvait
                     difficilement. Quelques secousses survenaient
                     à la moitié droite de la face avec
                     quelques mouvements d'inclinaison de la
                     tête à droite, Les réflexes
                     disparurent aux membres supérieurs et aux
                     tendons d'Achille ainsi que le réflexe
                     abdominal à gauche.
 
                     
                     -  
 
                     
                     - Uue ponction lombaire donna un liquide clair
                     qui contenait 20 lymphocytes par mm3, sans
                     excès d'albumine. Un abcès de
                     fixation fut fait à la cuisse. Le 29
                     janvier, il n'y avait plus de secousses à
                     la face, ni au membre supérieur; mais les
                     réflexes pupillaires et la convergence
                     étaient abolis. Des deux
                     côtés, le réflexe de
                     Babinski était en extension. A partir du
                     5 février, la défervescence se fit
                     progressivement. Les secousses abdominales et la
                     somnolence s'espacèrent. La convergence
                     des yeux redevint normale. On notait seulement
                     une très légère
                     parésie faciale droite et la
                     paupière supérieure gauche
                     s'ouvrait un peu moins que la droite, mais il
                     parait que cette disposition existait
                     déjà bien avant la maladie
                     actuelle.
 
                     
                     -  
 
                     
                     - Le 10 lévrier, la vue était
                     revenue et la malade pouvait lire le journal
                     sans grande fatigue. Les réflexes
                     tendineux étaient redevenus normaux et le
                     signe de Babinski ne se retrouvait plus
                     qu'à gauche. Le 5 mars, il y a encore
                     quelques accès de somnolence dont il faut
                     parfois la tirer pour la faire manger. La
                     lecture un peu prolongée provoque la
                     fatigue et le sommeil. De petits soubresauts de
                     tendons se produisent de temps en temps pendant
                     les accès de somnolence. Le signe de
                     Babinski persistait toujours à gauche.
                     Dans ce cas, après l'angine initiale, la
                     somnolence survient, et persiste encore
                     atténuée après 2 mois. Il y
                     a eu quelques troubles visuels, des myoclonies
                     et quelques troubles des réflexes.
 
                     
                     
                   
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