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La constitution de la pathologie tissulaire: 
de John Hunter à Xavier Bichat
 
 
Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 
 
 

mise à jour du
5 février 2006
 
biography
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John Hunter
1728-1793
 
Hunter J. The Works of John Hunter
with Notes. Palmer JF,
ed. London: Rees, Orme, Brown, Green, and Longman; 1837
 
Oeuvres complètes de John Hunter
traduites par G. Richelot
Labé Libraire, Paris 1839 (4 tomes)
 
 Les biographies de neurologues

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John Hunter, 14/02/1728 - 16/10/1793 . D'une dynastie de médecins écossais, John Hunter étudia l'anatomie auprès de son frère Willliam (1718-1783) qui avait fondé un cabinet d'anatomie et d'histoire naturelle. Il découvrira avec ce dernier les vaisseaux lymphatiques. Ses recherches porteront ensuite sur l'anatomie comparée, l'embryologie et la pathologie expérimentale. Il fera une brillante carrière comme chirurgien dans les hôpitaux londoniens puis sera chirurgien général de l'armée. Il sera un membre éminent de la Société royale de médecine de Londres. Ses oeuvres complètes ont été traduites de l'anglais en 1843 (versiion de J. F. Palmer) avec des notes par G. Richelot.
 
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Du sommeil.
tome 1, page 307-309
 
De la jouissance même du principe sensitif dont nous sommes doués, résulte un effet bien remarquable, c'est le sommeil. Un sommeil parfait est la suspension de la faculté de percevoir toute sensation actuelle, de la faculté de penser, et l'anéantissement de toute trace du passé, c'est à dire de ce que l'on appelle la mémoire. Par conséquent, il y a dans le sommeil cessation de toutes les actions volontaires La volition elle même est, sous tous les rapports dans un repos parfait, et nous sommes, relativement à nous-mêmes, comme si nous n'étions pas.
 
Mais le sommeil a ses degrés. Il est probable que dans tous les cas il y a une diminution considérable des principes qui viennent d'être indiqués et surtout de la sensation; mais ce qui n'est pas toujours détruit, ce sont les effets de cette dernière, savoir, les opérations de l'esprit qui déterminent des actions à peu de chose près volontaires. Ainsi, pendant le sommeil, l'esprit peut penser, et c'est ce qui produit ce qu'on appelle des songes. Mais rien de semblable aux images que l'esprit se présente à lui-même n'existe en réalité, car les actions auxquelles il se livre alors ne sont pas l'effet de nos sensations présentes. On peut même rêver dans l'état de veille; il suffit que la pensée s'empare puissamment de l'esprit, et y fasse naître une action totalement étrangère aux sensations présentes, de manière qu'on ne voie , qu'on n'entende rien, qu'on ne sente point les objets qui arrivent au contact du corps. Lorsque ensuite l'esprit abandonne cette action et revient aux sensations qui émanent des impressions présentes on dit qu'on a rêvé.
 
Toutes les fois que le corps perd la conscience de sa propre existence, on peut appeler cela rêver éveillé, et c'est ce qui arrive souvent quand on médite profondément. Le sommeil paraît être au principe sensitif, ce qu'est au principe vital, l'état qui a été décrit quand j'ai parlé de mon propre cas, et que j'ai dit se produire quelquefois; mais cet état était lié à une condition morbide, tandis que le sommeil est nécessaire.
 
Lorsque les actions du principe sensitif et du principe vital se suspendent, il se produit ce qu'on appelle une léthargie. Dans cet état, toutes le actions naturelles de l'économie cessent de s'exécuter, mais elles sont encore susceptibles de se reproduire.
 
Dans la syncope, il y a également suspension des actions qui émanent de la sensibilité. L'animal perd totalement la conscience de lui même. Mais dans la léthargie, la suspension des phénomènes est portée plus loin elle s'étend non seulement au principe sensitif, mais encore au principe vital lui-même. On voit, en effet, des personnes tomber en léthargie, et rester dans cet état sans qu'on puisse saisir en elles le moindre mouvement fonctionnel, la respiration, la circulation, la digestion et toutes les opérations de la machine animale étant dans un état de repos complet et si la maladie ou la cause de cette suspension des actions vitales se prolonge, il pourra arriver que la faculté de sentir ne puisse plus se reproduire.
 
La syncope causée par la saignée, par la peur, etc., est une léthargie, à un degré plus ou moins avancé, puisqu'elle est le résultat d'une diminution des deux principes, surtout du principe sensitif.
 
Le sommeil n'est pas seulement la cessation des actions volontaires; il produit aussi la cessation des actions involontaires qui sont causées par un état morbide dans les parties soumises à là volonté comme cela a lieu pour la danse de Saint-Guy, etc. .
 
Le sommeil est d'une telle importance pour le principe sensitif, c'est à dire pour la sensation, l'intelligence et la volition, qu'il entre bien pour un tiers dans la durée totale de ce principe. Comme il consiste seulement dans une suspension de la sensation et des phénomènes qui en découlent on pourrait croire qu'il est de peu d'utilité pour la machine animale mais il lui est aussi essentiel que la nourriture.
 
Si le sommeil ou plutôt la cessation de la sensation peut s'allier ainsi avec la continuation de la vie, on est en droit d'en conclure que la vie consiste dans une structure ou organisation particulière, et dans un principe qui émane de cette structure surajoutée à la matière pour en former un composé vivant; car la vie peut persister, non pas toujours, mais pendant un certain temps, sans la sensation.
 
La sensation est donc une fatigue pour la vie, et la vie est épuisée plus ou moins vite, suivant que la sensation a été plus ou moins excitée dans un temps donné. C'est pour cela que dans l'état d esanté la sensation se suspend périodiquement. La vie paraît alors à l'aise. C ephénomène, lié à l'état d esanté et renfermé alors dans de certaines limites, peut dépasser ses limites naturelles sous l'infulence morbide, comme dans la léthargie.

john hunter
 
De la sympathie
tome 1, pages 364-367
 
J'ai cherché à démontrer qu'il y a chez les animaux élevés deux principes, savoir, la vie et l'action des nerfs: cette dernière est appelée la sensation et la volition; ou, plutôt, peut-être n'y a-t-il qu'un principe, la vie, qui sert de base à l'autre, ainsi qu'à toutes les actions du corps. J'ai essayé également de faire voir que la sensation a pour cause les perceptions de l'esprit, qui produisent l'action dans le corps vivante. Je me suis efforcé de démontrer que les actions les plus simples prennent naissance indépendamment de la sensation ou des actions des nerfs; que les nerfs, par leurs actions spéciales, deviennent seulement la cause de plusieurs actions, mais qu'ils n'en sont pas le principe; qu'à raison de leur terminaison dans lecerveau, ils produisent, dans cet organe, des sensations de l'ensemble desquelles émane l'esprit ou intellect; qu'ils donnent aussi naissance à la volonté, et fournissent la base sur laquelle repose le raisonnement. J'ai montré que l'esprit peut être la cause de plusieurs actions involontaires qui ont leur siège dans le corps, de même que la raison est la cause des actions volontaires; et qu'ainsi les actions de la vie, celles des nerfs, de l'esprit et de la volonté , ont pour origine des impressions qui exercent leur influence sur ces divers principes.
 
Dans mes généralités sur la maladie, j'ai reconnu dans 1'économie vivante une susceptibilité pour les impressions, des impressions , des dispositions qui naissent des impressions, et des actions qui sont la conséquence de dispositions, tout cela, ainsi que je l'ai fait observer, est immédiat ou primitif. Mais il y a une susceptibilité secondaire qui amène aussi à sa suite des dispositions et des actions qui en sont la conséquence: c'est ce qu'on désigne sous le nom de sympathie parce qu'on ne peut pas faire autrement. Il semble que les actions, de l'économie vante jouent entre elles, si l'on peut ainsi dire, devenant un stimulus les unes pour les autres, ou exerçant les unes sur les autres une influence réciproque.
 
En vertu de ce principe d'action, appelé sympathie, il se forme secondairenent et sans impression immédiate une action dans une partie qui agit simultanément avec celle qui a reçu l'impression ou même qui assume toute l'action sur ellemême. Cette action sans impression immédiate se rattache à un des principes les plus complexes du corps vivant, surtout chez les animaux les plus compliqués.
 
La sympathie peut être divisée en deux espècès 1°) une sympathie locale liée à une maladie locale, 2°) une sympathie générale liée à une maladie locale. On peut appeler la première, sympathie locale, et la seconde, sympathie générale. Mais toute sympathie doit naitre d'une cause locale. La sympathie n'est pas limitée aux actions d'une seule et même personne; elle est transmissible d'une personne à une autre.
 
En étudiant ce sujet, nous voyons que tous les principes d'action du corps vivant, même chez les animaux les plus compliqués, ont d'étroites connexions les uns avec les autres tels sont le principe vital, l'action des nerfs et l'esprit; et que chaque principe exerce son influence d'une partie à une autre, sur le principe de même nature que lui. C'est ce qui constitue l'espèce de sympathie la plus simple que je puisse concevoir. Ainsi, le principe vital d'une partie sympathise avec les actions vitales d'une autre partie, comme cela doit avoir lieu chez tous les animaux qui n'ont pas de nerfs. Les nerfs d'une partie sympathisent avec les actions des nerfsd'une autre partie, ce qui peut produire la sensation.
 
L'esprit sympathise avec l'esprit, ce qui naturellement ne peut avoir lieu que chez les animaux qui en sont doués; peut-être même cette sympathie n'existe-t-elle pas chez tous ces derniers; et il est plus que probable, que lorsque l'esprit est susceptible de sympathie, il est également susceptible de diverses autres affections complexes.
 
Il n'est pas douteux que l'état qui constitue, pour un principe, dans une partie, une disposition à une action quelconque, ne puisse donner naissance à une action d'un autre principe, dans une autre partie. Ainsi tandis que les actions vitales seules sont affectées dans la partie quia reçu l'impression immédiate, ce sera la sensation qui sera produite dans une autre partie. Cela paraît dépendre de la nature de la partie qui sympathise. Qu'une injection soit poussée dans l'urètre d'un homme il n'en résulte aucune douleu dans ce canal, pas même la sensation commune de la partie; cependant l'estomac sera affecté; il se produira une envie de vomir qui est une sensation J'ai vu un stimulus siégeant dans le rectum ne causer aucune douleur dans cette partie, déterminer des nausées, de la douleur dans l'intestin grêle, et même suspendre la digestion. Certainement, une telle douleur cause une action morbide qui s'accomptit dans la partie où elle est sentie. D'un 'autre côté, une simple douleur du doigt peut provoquer un acroissement d'action dans le principe vital d'une autre partie; ains les battements du coeur deviendront plus fréquents.
 
Le principe de la sympathie peut être considéré comme un genre renfermant trois espèces qui se rattachent au trois principes énoncés ci-dessus, et qui offrent 1°) la sympathie des actions de la vie, 2°) la sympathie des nerfs; et 3°) la sympathie de l'esprit. Chacune de ces espèces a ses variétés sous le rapport de l'action; car elles sont toutes susceptibles d'impressions, d'affections et d'actions variées, et peuvent toutes sympathiser entre elles.
 
Une question, à laquelle il n'est pas facile de répondre, est la suivante: la sympathie peut-elle exister entre la sensation et la sensation ? La sensation ne peut provenir que d'une impression exercée sur une partie, ou d'une action des nerfs semblable à celles qui sont produites par une impréssion. D'où il résulte que toute sensation qui a son point de départ dans la sympathie, doit cependant encore, même dans la partie sympathisante, avoir pour cause immédiate une impression exercée sur nerfs, ou une action des nerfs. La sensation ne peut être que la conséquence naturelle de cette action puisqu'elle n'est pas autre chose que la perception d'une action, soit que celle-ci émane d'une impression soit qu'elle constitue une action spontanée du nerf lui même .
 
Je pense donc que toutes ces sympathies qui paraissent consistet en des sensations seulement, sans action, sont une illusion de l'esprit, qui rapporte à tort la sensation à une autre partie que celle qui en est réellement le siège; c'est ce que j'expliquerai bientôt en parlant de l'illusion.
 
De ce qui a été dit ci-dessus, il parait résulter que la sympathie est un principe si intimement lié, dans le corps vivant, à toutes les impressions, toutes les affections et à toutes les actions, que nous ne pouvons nous faire une juste idée de l'économie animale, sous le point de vue des maladis si nous ne la prenons en considération.
 
Envisagée dans le même individu, la sympathie est un principe, ou agent secondaire. car elle est l'effet d'une impression, d'une affection ou une action qui a son siège dans une autre partie du corps. Elle naît d'une tendance que manifeste toute partie à entrer en action consécutivement à une impression, à une affection ou à une action qui s'est développée dans autre partie. C'est une partie qui prend part aux impression aux affections, aux actions d'une autre partie.
 
La sympathie ne s'exerce pas seulement entre les actions du même individu; elle agit encore d'une personne à une autre; et chez cette dernière, on ne peut plus dire que c'est un phénomène secondaire, car elle naît directement d'une impression qui est faite sur quelqu'un des sens.
 
Le bâillement est un phénomène sympathique; toutes les manière d'agir propres à un pays, à une localité, à une famille, etc., sont autant de sympathies. La danse peut être rangée parmi les sympathies; car ce n'est pas simplement une action imitative produite par la volonté; c'est impulsion irrésistible qui naît d'un état de l'esprit déterminé par sons de la musique. S'il n'y avait point de sons, ou, en d'autres termes, si le sens de l'ouïe n'existait pas, il n'y aurait point de danse, la vue, loin d'y entraîner, serait plutôt propre à en détourner. Il se forme d'abord une certaine sensation, puis un certain état de l'esprit qui en est la conséquence, et enfin a lieu l'action des membres dont la sensation est la cause excitatrice....
 
john hunter