resolutionmini

mise à jour du
18 octobre 2010
 
pdf de cet article
Correspondance inédite de G. Gilles de la Tourette
sa maladie fatale
 
Olivier Walusinski & Gregory Duncan
 
Living His Writings:
The Example of Neurologist G. Gilles de la Tourette
 Walusinski O, Duncan G. Movement Disorders in press
 
G. Gilles de la Tourette interne de JM. Charcot
G. Gilles de la Tourette 1857-1904 in english
Chat-logomini
Nous avons précédemment présenté des correspondances inédites de G. Gilles de la Tourette, d'une part des lettres reçues de JM. Charcot et, d'autre part, des lettres écrites à son ami le journaliste G. Montorgueil.
Nous présentons maintenant des documents éclairant la pénible fin de vie que G. Gilles de la Tourette connut.
 
La maladie : faits connus et déjà rapportés
 
En 1896, Gilles de la Tourette avait été nommé "médecin chef de l'exposition universelle de 1900 à Paris", grâce aux appuis politiques de son ami DM. Bourneville et d' A. Millerand. Il excella dans cette tâche et le service médical mis en place rempli parfaitement son office. En hommage à son travail, il fut proposer au grade d'officier de la Légion d'Honneur, décoration remise au cours d'un banquet servi en son honneur à l'Hôtel Continental à Paris [1]. En 1904, E. De Lavarenne écrit dans la La Presse Médicale du samedi 4 juin 1904: « Il dut être parfaitement heureux alors, car évidemment il recherchait les honneurs; mais la catastrophe était proche et c'est à se demander maintenant il n'eût pas mieux valu pour lui moins de succès retentissants, moins de distinctions honorifiques rapides: cela lui eût ménagé des forces pour accomplir pleinement l'oeuvre médicale, qui à elle seule est suffisamment belle, suffisamment attrayante et glorieuse pour ceux qui s'y attachent » [2].
 
En effet peu après, son comportement devint de plus en plus perturbé, alternant des périodes mélancoliques et suicidaires et des périodes de mégalomanie. Dans « Paris vécu », Léon Daudet relate comment, selon lui, la maladie de Gilles de la Tourette se révéla publiquement : « Pierre Marie, qui devait faire beaucoup plus tard un abattage si remarquable de la localisation du langage articulé, était alors très discipliné, très modeste, très en retrait : « Oui Monsieur, non monsieur, parfaitement Monsieur ». II était bien de sa personne, fort aimable, plus semblable à un avocat timide qu'à un médecin. Il tranchait avec ce pauvre Gilles de la Tourette, hirsute, bavard catégorique, absurde, et qui mourut fou. Le délire de Gilles de la Tourette, consécutif à un tréponème négligé, se révéla publiquement de la façon la plus cocasse. Faisant passer un examen, il demanda au candidat : « quels sont Monsieur, les trois plus grands médecins français du XIXème siècle ? » L'élève réfléchit et répondit : « Laennec, Duchenne de Boulogne et Charcot », car il savait que Gilles de la Tourette avait été l'élève du troisième. - Non, Monsieur, vous n'y êtes pas: il y a eu mon grand-père, mon père et moi, Coco. C'est pourquoi, - ici l'examinateur coiffa le jeune homme interdit de sa propre toque d'agrégé -, c'est pourquoi on va m'élever une statue en bromure de potassium ! » [3]
 
Dans sa rubrique « l'Actualité » du journal L'Eclair, le journaliste Montorgueil publie une note, le 14 juillet 1901, témoignant de la santé de Gilles de la Tourette. Lors d'une matinée au théâtre de l'Odéon, où il faisait une conférence sur la pièce « La Dormeuse », « le Docteur Gilles de la Tourette manifesta des velléités d'impatience nerveuse avec le public; au lieu de glisser à la conclusion par une feinte adroite, il s'irrita, fit tête aux mécontents, soutenu du reste par ses amis, mais au total dans cet incident laissa penser que surmené, il était temps qu'il débrayât ». AJ. Lees parle d'un malaise et dit qu'il dû être transporté à son domicile [1]. Malgré la discrétion qu'il souhaite gardée sur la santé de son ami, G.Montorgueil dans un article ne dissimule pas qu'il s'agit d'une maladie nerveuse: « Nous savions depuis longtemps, dit-il, la douloureuse nouvelle Monsieur le Docteur Gilles de la Tourette succombant à l'excès de son activité, a été frappé du mal que toute sa vie, chez les autres, il a tant et parfois si victorieusement combattu. Tous ceux qui le connaissent et qui ne le pouvaient connaître sans lui porter une affection profonde, font des voeux pour que la science de ses confrères encore aujourd'hui, triomphe de la nuit soudaine abattue sur une aussi distinguée intelligence. Encore qu'il soit très atteint, on ne désespère point. Il est soigné dans une maison de santé avec un zèle parfait, il se trouve déjà amélioré du fait de ce séjour, et ce n'est point pour simplement consoler une femme si éprouvée par cet immense chagrin, qu'on hasarde un diagnostic d'espérance. N'a-t-on pas été frappé de voir si souvent les médecins des affections nerveuses, plus que d'autres de leurs confrères, atteints d'affections identiques? Est-ce la contagion du milieu ? Ou l'homme penché sur l'irritant problème de la démence dont la solution lui échappe, est-il à son tour, comme attiré par le vertige ? Le Docteur Gilles de la Tourette n'est pas le premier praticien qui paie à ces études un terrible tribut ».
 
Léon Daudet aurait commencé ses études de médecine, influencé par JM Charcot, ami de son père, mais aussi pour soigner celui-ci atteint du tabès comme l'étaient Guy de Maupassant et Jules de Goncourt qu'il croisait chez ses parents. L. Daudet connaissait donc bien la syphilis nerveuse et ses différents tableaux cliniques. Dans « Les Morticoles », il décrit les troubles de l'affectivité et du comportement présentés par Gilles de la Tourette : « Gilles de la Tourette était laid, à la façon d'une idole papoue sur laquelle seraient implantés des paquets de poils. Il n'était ni bon, ni mauvais, ni studieux, ni paresseux, ni intelligent, ni sot, et il oscillait avec sa tête ahurie et malicieuse, entre une multitude de qualités et de défauts auxquels il ne s'attardait pas. Il avait la voix éraillée et brûlée, le geste brusque, la démarche falote. Il passait pour un original, abordait un sujet intéressant, le délaissait pour un autre, déconcertait ses maîtres par des bizarreries qui allaient en augmentant et devenaient de moins en moins drôles. Contrairement aux affirmations du Professeur Fournier, qui y voyait juste en dépit de tous et de quel oeil d'aigle royal ! Gilles soutenait que la paralysie générale n'a aucun rapport avec la syphilis. Il gambadait, sautait, dansait quand on appelait son attention sur certaines coïncidences. Il répétait « c'est mon idée très ferme ». Hélas ! ses idées à lui, le pauvre garçon, devenaient de moins en moins fermes, si bien qu'un jour, à un examen, ayant demandé à un candidat: « quelle était la maladie qui faisait saigner, au début, de la narine gauche ? » et ayant reçu cette réponse: « la fièvre typhoïde, Monsieur », il fit non de la tête et, au bout d'un silence de 5 mn, déclara solennellement: « c'est la fièvre typhoïde, Monsieur, vous êtes nul, je vous refuse ». Il poursuit : « Quelque temps avant sa mort, comme je sortais de chez moi, rue de l'Université, Gilles de la Tourette, que j'avais perdu de vue depuis plusieurs années, m'aperçut et s'approchant, me sauta au cou. J'étais ahuri d'une marque d'affection intempestive que rien dans nos relations antérieures ne justifiait, je vous prie de le croire. II me dit d'un ton saccadé : « Mon cher Daudet, je vous aime infiniment. Il y a longtemps que j'avais envie de cette formelle réconciliation ». Il était rouge, avec de grosses larmes dans les yeux. Je devinai tout de suite de quoi il s'agissait. Le diagnostic n'était pas difficile .... Pauvre diable de Gilles de la Tourette ! C'est bien la seule minute de sa vie où il m'ait été sympathique. II faillit tout gâcher, en voulant m'accompagner de force dans mes courses. Je ne pouvais plus me décoller de ses protestations haletantes de tendresse et de dévouement ». [4,5]
 
L'ensemble de ces témoignages ne laissent pas de doute sur le diagnostic de Paralysie Générale, forme de neuro-syphilis qui a emporté Gilles de la Tourette. Après avoir présenté ces citations déjà connues, en relation avec des événements de la fin de l'année universitaire 1901, nous rapportons les premières traces écrites des troubles manifestés par Gilles de la Tourette, dans des documents inédits, datant de la fin 1900, trouvés au musée Charbonneau-Lassay à Loudun.
 
Lettre inédite au Professeur Fulgence Raymond
 
Commençons par situer cette correspondance. Mademoiselle Bottard avait été la surveillante du service du Professeur Charcot, où elle exerça toute sa carrière. Elle prit sa retraite le premier août 1901 après 60 ans d'activité. Charcot avait fait son éloge lors du cinquantenaire de son entrée à La Salpêtrière : « Il y a une trentaine d'années, un peu plus peut-être, que vous et moi nous marchons chaque jour côte à côte ici, dans ce grand asile des misères humaines que l'on appelle l'hospice de la Salpêtrière, traitant ou consolant de notre mieux les malades, chacun suivant ses attributions spéciales .... Et bien, je n'hésite pas à le dire, et même je tiens à déclarer hautement, à proclamer publiquement, après vous avoir connue, comme je vous connais, qu'à mon avis, ceux qui viennent prétendre que les surveillantes laïques des hôpitaux sont incapables de montrer, dans l'exerce de leurs fonctions, ce désintéressement absolu, ce dévouement sans bornes, ces qualités morales, dont le monopole appartiendrait, suivant eux, aux surveillantes de l'autre système; ceux-là, dis-je, se trompent ou ils trompent les autres ».
fulgence raymond
Gilles de la Tourette avait une réelle affection pour elle et l'avait surnommée "Maman Bottard". Dans deux courriers de décembre 1899, adressés à son ami Montorgeuil, Gilles de la Tourette dit avoir « rencontré le ministre pour mademoiselle Bottard qui a été très aimable ». On peut supposer qu'il est intervenu auprès de Louis Barthou, ministre de l'interieur, pour appuyer la candidature de mademoiselle Bottard au grade de chevalier de la Légion d'honneur qui lui sera conféré le 29 janvier 1898, honneur rarement accordée à une femme à cette époque. Gilles de la Tourette publia alors, dans le Progrès médical, : « Les infirmières décorées : mademoiselle Bottard », article élogieux résumant ses états de service, son désintéressement et son dévouement au travail [6], ainsi que dans L'Eclair de son ami Montorgueil, des propos tenus par JM. Charcot : « Sans autre stimulant que le sentiment impérieux du désir et de la dignité professionnelle, aiguisés il est vrai chez vous par une sympathie profonde pour les déshérités, les incurables, les déformés au physique comme au moral, les malheureux de tout genre en un mot, n'avez-vous pas pendant plus de 50 ans, sans bruit, modestement, sans visées autres que la satisfaction de votre conscience, sans autre soutien que votre coeur ardent, pour le bien, n'avez-vous pas dis-je, mené cette vie d'abnégation et de sacrifice que commandait le poste d'honneur qui vous était confié ? »
 
Dans une lettre manuscrite, du 27 octobre 1900 [7], adressée au professeur F. Raymond, successeur de JM. Charcot, Gilles de la Tourette, souhaite lui apporter des éléments pour l'aider à composer son discours de félicitations à Mademoiselle Bottard : « Mon cher maître, Je vous envoie une petite note sur mademoiselle Bottard. Comme tout naturellement c'est vous qui lui remettrez la plaquette si vous voulez bien lui dire quelques mots, voilà de quoi vous documenter », dit-il. Gilles de la Tourette témoigne de son soutien à la laïcisation : « C'est une sainte laïque que cette bonne maman Bottard comme nous l'appelons... ». Il rapporte « Charcot estimait beaucoup mademoiselle Bottard. C'était elle qui intervenait toujours près de lui quand le service ne marchait pas, qui arrangeait les petites querelles, les rivalités entre élèves. Après avoir été interne de Charcot en 1884, lorsque je devins son chef de clinique en novembre 1887, je fus en butte à de grosses difficultés de service que je vous dirai si vous ne les connaissez déjà. Je faillis presque écoeuré de ce qui se passait, toucher la rampe... c'était tout briser! « Maman » Bottard n'hésita pas, elle dit à Charcot combien j'avais pour lui de respectueuse affection, combien j'étais mal secondé etc, etc .... Et mon vieux maître finit par comprendre combien je l'aimais et ne cessa depuis de me témoigner à son tour la sienne. Ses enfants l'ont compris et sont devenus mes meilleurs amis ». Témoignage un peu trop intime ? Sont-ce là des prémices de troubles du jugement ? La suite du propos est encore plus explicite. Gilles de la Tourette présente les états de service de mademoiselle Bottard. Vers la fin, il s'éloigne de son objet et parle à la première personne du singulier : « Et voilà pourquoi, mon cher maître, si vous désirez le savoir pourquoi j'aime maman Bottard, pourquoi j'ai demandé pour elle les palmes académiques à votre ami Leroy le chef du bureau du Cabinet du Ministre de l'Assistance Publique, l'ancien secrétaire de Jules Ferry, pourquoi je vous ai prié de vous intéresser à elle pour le ruban rouge que lui a donné votre bon coeur si généreux ». Puis, oubliant mademoiselle Bottard, il parle brusquement de sa personne : « Après avoir été interne dans ce service, après y avoir fait deux ans de clinicat, je suis devenu l'agrégé suppléant de la Chaire. L'année dernière, vous le savez, puisque vous m'avez fait l'honneur d'assister à ma première leçon, j'en ai été le patron pendant 6 mois et j'y reste tous les ans pendant les vacances », Comportement d'auto-satisfaction constant frôlant la mégalomanie, Gilles de la Tourette semble présenter une fuite dans les idées. Il poursuit avec une familiarité toute excessive : « Quand j'arrive joyeux pour prendre le service, je commence par embrasser « maman Bottard » sur les deux joues et elle me le rend bien. Et pourtant je suis triste et elle aussi. J'ai voulu avoir toujours sa vieille bonne figure devant moi et voilà pourquoi avec quatre ou cinq amis ou élèves, j'ai un bronze très beau très réussi et vous en ai réservé un bel exemplaire. Il vous rappellera la Salpêtrière que vous avez aimée, où je vous ai connu ce qui est un des bonheurs de ma vie. Lundi matin, je vous remettrai avec un modeste bouquet, la belle plaquette du sculpteur Vincent et pour nous tous il y aura de la joie dans le ciel ma foi, je vous embrasse avec affection et respect ».
 
Nous interprétons ces signes comme une entrée dans la maladie : variabilité de l'humeur, troubles de l'association des idées et de l'affectivité. Cruel paradoxe, le professeur F. Raymond décrivit ces symptômes de la paralysie générale dans ses Leçons, en 1900 [8].
 
La fin officielle de l'exercice.
 
Les archives du ministère de l'Instruction Publique et des Beaux Arts ainsi que les archives de l'Assistance Publique à Paris indiquent que Gilles de la Tourette est en congé pour raisons de santé dès le 1er novembre 1901, congé renouvelé tous les trois mois jusqu'au 1er novembre 1903 où le doyen de la Faculté de médecine demande un congé d'inactivité pour un an du 1er novembre 1903 au 31 octobre 1904 [9,10,11]. Gilles de la Tourette continue néanmoins à travailler, ignorant les dispositions que son entourage prépare pour lui, devant ses troubles du comportement de plus en plus manifestes. Il publia, en 1900, dans la revue neurologique un article polémique sur la localisation cérébrale des troubles hystériques [12]. En 1901, paraît son livre "Le traitement pratique de l'épilepsie" qui ne révèle aucun trouble psychiatrique, ce qui a fait suggérer à certains qu'un de ses élèves l'avait assister dans sa rédaction [13].
 
Sa dernière espérance professionnelle.
 
En 1901, Gilles de la Tourette pensa postuler à la chaire d'histoire de la médecine dont avait démissionné son ami E. Brissaud. Il se lança dans la rédaction d'un mémoire de candidature, intitulé: « Chaire d'histoire de la médecine, Titres et Travaux Scientifiques de Gilles de la Tourette ». Ce manuscrit est conservé au musée Charbonneau-Lassay de Loudun. Ce manuscrit est un brouillon de 38 pages avec de nombreuses corrections et reprises. Il est fort probable que sa candidature ne fut jamais déposée et resta à l'état de projet. Le Professeur J. Déjerine sera nommé titulaire de cette chaire de 1901 à 1907. L'analyse du manuscrit est intéressante car on perçoit un homme sincère, passionné mais avec déjà des troubles du comportement et une fuite des idées. Après avoir énuméré ses propres travaux en rapport avec l'histoire de la médecine - biographie de Théophraste Renaudot, Essai sur La mort de Charles IX démontrant qu'il était décédé de tuberculose, Etude médico-légale du moulage mortuaire du visage de Pascal, Publication de documents satiriques sur Mesmer [14] -, Gilles de la Tourette énumère ses analyses de travaux, parus sur l'histoire de la médecine dans le Progrès Médical (Essai de géographie médicale par Debleme, Paris 1883, histoire de la médecine à travers les âges par Dignat Paris 1888, etc ....) et ses biographies écrites sur les médecins contemporains (le Professeur JM Charcot, le Professeur Damaschino, Paul Richer, etc ....). Il cite ensuite l'article de JM Charcot sur « la foi qui guérit », paru dans la Revue Hebdomadaire et la North american Review qui l'avait commandé « à mon cher et regretté maître ». On y apprend que c'est lui qui l'aurait rédigé « de ma propre main » sous la haute direction..., la suite manque. Affabulation maladive ? Plus loin on retrouve un style inadapté à ce genre d'écrit : « Je dois dire que non seulement depuis 1883, j'ai cultivé l'histoire de la médecine qui a été une des joies de ma vie.. » Gilles de la Tourette évoque ensuite « Sa nouvelle iconographie de la Salpêtrière ». Le style est grandiloquent. « C'est nous le croyons, un service magnifique que nous avons rendu à l'histoire de la médecine en représentant et en faisant aussi aimer ces vieux trésors de nos musées, ces documents si précis et si représentatifs dans leur figuration .... et qui étaient jusqu'alors restés presque complètement ignorés et méconnus de la masse du public et aussi des médecins les plus experts en choses posthumes de la médecine. Nous avons aussi publié en les joignant, mémoires originaux aux découvertes les plus belles en art ancien et moderne, 3 à 400 planches ou dessins au minimum qui pourraient aussi fournir un volume superbe élevé à la gloire de la médecine française. On devrait toujours la consulter afin d'avoir constamment présente à la pensée et à l'esprit cette évolution historique parallèle et admirable de l'histoire de la médecine et de l'art de la peinture de la sculpture, et de la parure en France et à l'étranger avec des documents figurés qui n'ont pas leurs équivalents dans le monde. Ils figurent très rarement en effet dans les livres habituels si ce n'est peut-être dans le grand ouvrage de l'honnête Ambroise Paré qui devait être un excellent dessinateur car son livre est orné de merveilles ». Gilles de la Tourette donne l'impression de se comparer à Ambroise Paré, témoignant d'une perte d'autocritique. Il poursuit « Je ne demande qu'à continuer nos travaux et mes recherches et mes publications .... depuis si longtemps commencées. Je serais très reconnaissant à mes juges s'ils voulaient bien me fournir le moyen cette fois désirée, de les divulguer et de les propager encore en m'accordant mon élévation à la chaire d'histoire de la médecine ce qui m'encouragerait d'avantage en développant mes efforts. Elle est le but de mon ambition laborieuse depuis que j'ai commencé mes études et si j'étais nommé je prend l'engagement loyal de bien la remplir et de ne jamais la quitter désormais ».
 
Complaisant avec lui-même, il ajoute : « J'ai donc publié, enseigné et aussi vulgarisé depuis plus de 20 ans l'histoire de la médecine. Je crois ainsi avoir bien mérité de mes prédécesseurs dans la chaire ». Il ne manque pas de se comparer aux autres postulants : « .... Ils sont nombreux en vérité et on pourra comparer leurs travaux aux nôtres ». Des souvenirs personnels reviennent et parasitent son texte. Ainsi, lorsqu'il parle d'Urbain Grandier, de son bûcher, de l'église Saint Pierre du marché dont il était le prêtre, Gilles de la Tourette ajoute soudain : « son église où je me suis marié, ayant pour témoins Brouardel et Damaschino si aimés devant la collégiale de sa croix ». Ailleurs les idées viennent trop vite et il dit : « Mais revenons à nos moutons qui ont peut-être trop folâtré dans l'herbette car le printemps vient de s'ouvrir, l'hiver de perdre sa retraite et que les herbes vertes leur portent un peu à la tête .... leur succulence alcoolisée ».
 
Au paragraphe suivant, Gilles de la Tourette revient à La Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière, « la laborieuse fille », et à la chaire d'histoire de la médecine : « J'ai donc servi sereinement et sans toucher aucun honoraire les intérêts..., de la bonne cause de la chaire de l'histoire de la médecine ». Il désire porter la robe rouge de professeur et abandonner la noire des agrégés. Le ton devient pathétique évoquant « ma belle Iconographie de la Salpêtrière, cette publication qui n'a point d'égale en aucune partie du monde ». Subitement, Gilles de la Tourette semble rédiger un journal intime « Je suis un pauvre candidat un peu démoralisé. Alors de quel côté pèsera la balance ? J'espère que ce sera du mien et je les en remercierai en bon élève qui veut être reconnaissant à tous ses maîtres qui sait quel bien ils lui ont fait et lui feront encore en lui, en accordant .... la chaire qu'il vient respectueusement leur demander .... »
 
Vers la fin l'écriture est filée, souvent illisible, sans ponctuation. Les idées et les thèmes se mélangent. Il parle de Zola « dont j'ai documenté « Lourdes ». Puis, « Je finirai bien par arriver à m'y installer (à la Chaire) pour n'en bouger jamais ». Après avoir à nouveau évoquer Th. Renaudot, Gilles de la Tourette délire à nouveau avec des épisodes de mégalomanie : « J'ai donc, Messieurs .... jugé, public, enseigné, ainsi vulgarisé depuis plus de 25 années consécutives, sauf celui du service militaire en infirmier de deuxième classe qui m'a bien embêté en m'empêchant de travailler » puis il parle de la « Salpêtrière, Cochin, et Saint Antoine » où j'opère les mardis et les mercredis ». Puis, sans s'arrêter ni ponctuation, Gilles de la Tourette s'excite, fait allusion à la réactualisation par l'administration d'une circulaire de 1830 (en fait de 1834) « si néfaste» dit-il. « J'en sais quelque chose ! »
 
Ce document ne sera jamais terminé. Visiblement, Gilles de la Tourette ne se rendait pas compte de son état et n'envisageait donc pas d'abandonner l'exercice et l'enseignement de la médecine. L'état de santé de Gilles de la Tourette s'aggrava à la fin de l'année scolaire 1901. Son épouse, sur les conseil de JB Charcot, fils de son maître et condisciple, après avis de E. Brissaud décida de l'hospitaliser à son insu. Le docteur Mahaim directeur de l'asile Cantonal des aliénés et maison de santé du Bois-de-Cery (près de Lausanne) était un ami de JB. Charcot. Afin d'éviter un scandale, il prétexta un avis médical sur un malade célèbre de la clinique et fit venir Gilles de la Tourette. Celui-ci fut alors interné. La nouvelle de son hospitalisation inopinée troubla ses élèves, ignorants de la nature du mal dont il souffrait. Ainsi, un interne de l'hôpital Saint Antoine écrit le 17 juillet 1901 à Madame Gilles de la Tourette, inquiet de ne pas avoir de nouvelles de son maître [15] : « Madame, Tous ici nous attendons avec impatience des nouvelles de notre maître, Monsieur Gilles de la Tourette. Je suis allé plusieurs fois rue de l'Université sans pouvoir avoir une parole confortante. Un mot de vous Madame nous serait d'un grand prix et nous donnerait peut être un peu d'espérance. Je vous demande pardon Madame de prendre cette liberté. Mon excuse est la grande part que je prends à votre chagrin et mes voeux ardents pour que votre bonheur vous soit rendu en même temps que reviendra parmi nous, un maître vénéré. Veuillez agréer Madame, l'assurance de mes plus respectueux hommages. Manté - interne des hôpitaux Saint Antoine ».
 
Autre lettre émouvante, celle du 30 juin 1901, adressée par le père de Gilles de la Tourette, Edouard, à sa belle-fille: « Ma Chère Marie, J'ai en temps voulu reçu votre lettre et viens vous dire combien tous nous prenons part à la malheureuse situation de ce pauvre Georges auquel nous ne cessons de penser à chaque instant, malgré tout, il ne faut pas perdre espoir mais espérer au contraire qu'avec les bons soins dont il est entouré, il reviendra à la santé. Il est jeune encore. C'est un grand point. Voilà à n'en pas douter où l'a conduit l'excès de travail, il donnait de bons conseils aux autres et ne s'occupait nullement de lui même. Ici personne n'a connaissance de sa position et lorsqu'on nous demande de ses nouvelles nous répondons tout simplement qu'il va un peu mieux. Je vous serais reconnaissant ma chère Marie de vouloir bien nous tenir au courant de ce qui se passera et surtout ne rien nous cacher. Je comprends fort bien combien est cruelle pour vous la situation qui vous est faite en cette circonstance. Obligée de quitter Paris avec vos enfants qui pour l'instant du moins, doivent ignorer ce qui se passe et à l'instruction desquels vous avez quand même à veiller. II vous faudra du courage, beaucoup de courage, pour traverser ce moment si critique mais j'ai tout lieu d'espérer que vous saurez vous mettre à la hauteur de votre tâche et apporter à notre cher malade les consolations dont il a tant besoin. Adieu donc. Berthe et Marie se joignent à moi pour vous embrasser de tout coeur ainsi que les enfants. Votre affectionné beau-père, E. Gilles de le Tourette ».
Seule à l'étranger, avec ses trois enfants, Madame Gilles de la Tourette put compter sur l'amitié de JB. Charcot et du Professeur P. Brouardel, doyen de la Faculté de médecine de Paris et titulaire de la chaire de médecine légale. Ce dernier lui écrit le 4 juillet 1901 : « Chère Madame, Je ne puis vous dire combien nous avons été émus par la maladie de ce pauvre Gilles. Nous sommes de coeur avec vous et ferons tout ce qui dépendra de nous pour votre mari, vous et vos enfants. J'ai écrit un mot à Gilles lui disant que ce qui nous intéresse le plus c'est qu'il se guérisse, que son service est assuré jusqu'au moment où tout à fait guéri il pourra le reprendre. Agréer Madame, mes hommages dévoués et ne craignez pas à nous mettre à contribution. Brouardel ».
 
P. Brouardel connaissait le diagnostic formulé pour Gilles de la Tourette, donc du pronostic de sa maladie. Souhaitant soutenir Madame Gilles de la Tourette, il laisse, néanmoins, entrevoir une possibilité de guérison. Nous ignorons si Madame Gilles de la Tourette connaissait, elle, la nature du mal dont son mari souffrait.
 
Gilles de la Tourette malade, ce sont JB. Charcot et P. Brouardel qui gèreront les affaires de la famille Gilles de la Tourette en France. Dans une lettre du 4 juillet 1901, adressée à Madame Gilles de la Tourette, restée en en Suisse, JB. Charcot écrit : « Les valeurs que vous avez sont bonnes et il n'y a pas lieu d'en changer actuellement Je me suis également occupé de votre petite fortune, le papier que vous m'avez remis nous montre qu'elle s'élève de ce côté là à 282 975 F ». Parfois le ton est familier, à la plaisanterie: « Vous trouverez ci-joint le montant de ce que je vous dois et vous serez bien aimable de vérifier si mes additions et multiplications sont justes. Ne faites pas de folies avec cet argent ou je préviens le conseil de famille ! Moi de mon côté je tâcherai de ne pas trop m'ivrogner ». Fin 1901, il y eut, semble-t-il, un mieux dans l'état de santé de Gilles de la Tourette et Madame Gilles de la Tourette se posa la question du retour à Paris, Gilles de la Tourette avait réagi violemment contre son internement et lui réclamait sans cesse sa liberté. Elle demanda l'avis d'E. Brissaud. Dans sa lettre du 30 octobre 1901, JB. Charcot écrit: « Je viens enfin de mettre la main sur Brissaud et je lui ai parlé de votre pauvre mari. Il m'a répondu que rien dans ce que Mahaim lui avait indiqué, ne lui permettait de modifier son opinion qui reste toujours la même et qu'il ne pouvait que nous répéter ce qu'il nous avait déjà dit. En tous les cas, a-t-il ajouté, il est impossible que ce pauvre ami soit mieux et plus intelligemment soigné ».
 
Brissaud répondra lui-même plus précisément et un peu plus tard à Madame Gilles de la Tourette : « d'ailleurs je pensais que le Docteur Mahaim vous avait fait part de ma réponse. Ce que vous me dites de l'état de mon pauvre ami n'ajoute pas grand chose à ce que m'avait dit M. Mahaim. Je ne sais que vous conseiller au sujet du retour (dans le texte). Je me rends bien compte du combat qui se livre en vous lorsque vous avez à subir les abjurations lamentables de votre cher malade et je vous plains d'avoir tant à souffrir du silence que vous opposez à sa demande perpétuelle de liberté. Serait-il sage cependant de compromettre le petit mieux si péniblement gagné pour une sortie hâtive? Et puis ce mieux est-il durable ? Vraiment la sagesse est de vous en rapporter aux conseils de M Mahaim. Lui seul est en mesure de vous prêter un réel appui auprès de ceux qui vous proposent de prendre un parti. Je ne figure pas qu'un changement de résidence puisse modifier la situation dans le sens favorable. Et si je me trompe à cet égard, interrogez Mahaim. Du reste, il est certain qu'il est de mon avis, sinon il eut été le premier à vous engager à ramener votre mari en France. Veuillez chère Madame me tenir au courant. Je ferais tout ce qui sera en mon pouvoir pour vous rendre service. Usez de moi sans craindre d'être comme vous le dites importune. Tous les amis de votre mari vous porteraient secours, mais je tiens à être le premier parmi ceux-là. Votre respectueux et entièrement dévoué, E. Brissaud ».
 
jean baptiste charcot
 
Ce document est le seul qui nous informe des sentiments éprouvés par Gilles de la Tourette. On peut penser qu'en cette fin 1901, il a des moments de lucidité pendant lesquels il exprime son mécontentement d'être interné et demande à son épouse, avec insistance, qu'elle sollicite son élargissement. Bien au contraire, dès 1902, Madame Gilles de la Tourette sera obligée de demander sa mise sous tutelle.
 
Les décisions de justice
 
L'interdiction est prononcée par jugement de la première chambre du Tribunal civil de la Seine en date du 10 décembre 1902 : « .... Attendu que son état de santé ne s'est pas amélioré et qu'il se trouve actuellement dans l'impossibilité absolue de diriger sa personne et d'administrer ses biens; Attendu que l'interrogatoire ordonné ne put avoir lieu en raison de l'état d'agitation extrême dans lequel se trouvait le Docteur Gilles de la Tourette; Attendu qu'il y a lieu dans ces conditions et conformément à l'avis du conseil de famille émis à l'unanimité de faire droit aux conclusions de la demande. Par ces motifs, déclare le Docteur Georges Gilles de la Tourette interdit de l'administration de sa personne et de ses biens; Ordonne qu'un conseil de famille sera réuni à l'effet de lui nommer un subrogé tuteur conformément à la loi. Et le condamne, en outre en tous des dépens, liquidés provisoirement à la somme de cinquante francs dont distraction est faite au profit de Deschamps, avoué qui l'a requise aux offres de Civil; Commets Guillé Huissier audiencier pour signifier le présent jugement au défendeur défaillant ».
 
Le décès
 
Malgré les soins prodigués, Gilles de la Tourette mourut le 22 mai 1904 d'un coma convulsif. Le 29 mai 1904, dans sa rubrique d'actualité G. Montorgueil annonca la mort de Gilles de la Tourette, suite à une « attaque d'apoplexie ». Et il précisa « Terrassé par la fatigue d'un surmenage exceptionnel, l'éminent spécialiste, historien des maladies nerveuses, était allé demander à un air plus pur et à un horizon plus calme la santé qu'il ne devait point recouvrer. Sa famille, depuis son départ, qui eut lieu presqu'au lendemain de l'exposition de 1900, dont il dirigeait le service médical, s'était fixée à ses côtés ».
Dans le journal Le Temps parut juste un petit encart le 25 mai 1904 : « Mort à Lausanne de Gilles de la Tourette, terrassé en pleine maturité de talent par le surmenage excessif qu'il s'était imposé pour mener de front les fatigues de l'étude, de l'enseignement et de la clientèle. En dépit du repos absolu et du calme parfait qui lui étaient imposés depuis près de 4 ans déjà, il a succombé hier aux atteintes d'une dernière attaque de son mal ». (Archives de la ville de Lausanne).
 
Alors qu'à Paris, tout était fait pour assurer la discrétion du lieu et du motif de l'internement de Gilles de la Tourette, en Suisse ce petit avis nécrologie paraissait dans la Feuille d'avis de Lausanne du mardi 25 mai 1904 [16]: « Dimanche matin, est mort à l'Asile de Cery, le Docteur Gilles de la Tourette, qui y était soigné depuis deux ans pour une paralysie générale. Ancien assistant de Charcot, auteur de plusieurs volumes sur les maladies nerveuses et mentales, le Docteur Gilles de la Tourette a publié une biographie très remarquable du médecin-journaliste Théophraste Renaudot. Il a été médecin-chef de l'exposition Universelle en 1900. Il était officier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre de Léopold de Belgique, officier d'Académie, chevalier de l'ordre de Saint Maurice et Lazare. Son corps sera transporté en France pour y être inhumé.».
 
Gilles de la Tourette fut inhumé à Loudun dans la Vienne. Déjerine fit une allocution à la séance du 2 juin 1904 de la Société de Neurologie de Paris, résumant ses travaux et adressant « à notre regretté collègue un dernier adieu ».
 
georges gilles de la tourette
 
Bibliographie
1. Lees AJ. Georges Gilles de la Tourette, the man and his times. Rev Neurol (Pais). 1986;142(11):808-816.
 
2.De Lavarenne E. Gilles de la Tourette. La Presse Médicale. 1904;1(45):353-354.
 
3. Daudet L. Paris Vécu. Paris. Gallimard. 1930. 246p.
 
4. Daudet L. Les morticoles. Paris. G. Charpentier et E. Fasquelle, 1894. 358p.
 
5.Daudet L. Devant la douleur. Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux de 1880 à 1905. Paris. Nouvelle librairie nationale. 1915. 275p.
 
6. Gilles de la Tourette G. Les infirmières décorées: Mademoiselle Bottard. Le Progrès Médical. 1898;2(3):26-45.
 
7.Gilles de la Tourette G. Lettre à propos de Mademoiselle Bottard du 27 octobre 1900. Musée Charbonneau Lassay. Loudun. (Vienne. France).
 
8. Raymond F. Leçons sur les maladies du système nerveux. Paris. Octave Doin. 1900:489-533.
 
9. Archives de l'Assistance Publique. Extrait de l'état du personnel des hôpitaux et hospices. 1 octobre 1897. Paris. D617.
 
10. Archives de l'Assistance Publique. Etat du personnel médical des hôpitaux et hospices. Janvier 1903. D617.
 
11. Archives Nationales. Ministère de l'Instruction Publique. Direction de l'enseignement supérieur. F/17/23333.
 
12. Gilles de la Tourette G. La localisation cérébrale des troubles hystériques. La Revue Neurologique. 1900;5:225-226.
 
13. Gilles de la Tourette G. Le traitement pratique de l'épilepsie. Paris. Baillière et fils. 1901. 93p.
 
14. Gilles de la Tourette. Documents satiriques sur Mesmer. Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière. Paris. Lecrosnier. 1889;2:196-202.
 
15.Manté C. Lettre de l'interne Manté du 17 juillet 1901. Musée Charbonneau Lassay. Loudun. Vienne. France.
 
16. Archives Nationales. Correspondance de la Faculté de Médecine, Académie de Paris. AJ/16/6509.
 
La maladie de Gilles de la Tourette
La maladie des tics convulsifs Gilles de la Tourette G.(pdf)
Contribution à l'étude des bâillements hystériques Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière1890
Traité clinique et thérapeutique de l'hystérie d'après l'enseignement de La Salpêtrière1895
Gilles de la Tourette par P. Legendre pdf
Attentat contre Gilles de la Tourette 07/12/1893
La nécrologie La Presse Médicale 4 juin 1904
La nécrologie Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière 1904
The forgotten face of Gilles de la Tourette: practitioner, expert, and victim of criminal hypnotism at the Belle Époque Bogousslavsky J Walusinski O
Criminal hypnotism at the Belle Époque : The path traced by Jean-Martin Charcot and Georges Gilles de la Tourette Bogousslavsky J Walusinski O Veyrunes D
Correspondance inédite de G. Gilles de la Tourette, sa maladie fatale Walusinski O. Duncan G
Correspondance inédite de G. Gilles de la Tourette avec JM. Charcot et G. Montorgueil Walusinski O. Duncan G
Vivre ses écrits, l'exemple de G. Gilles de la Tourette Walusinski O. Duncan G
G. Gilles de la Tourette 1857-1904 in english
L'état mental de Froufrou G. Gilles de la Tourette 1892
Mademoiselle Bottard. Gilles de la Tourette G. La Revue Hebdomadaire 1898
Marguerite Bottard (1822-1906) sa biographie et la lettre inédite de G. Gilles de la Tourette Walusinski O. PDF
 
 
The forgotten G. Gilles de la Tourette : practinionner, expert, and victim of criminal hypnotism
Bogousslavsky J, Walusinski O
Neurology submitted and refused
 
Criminal hypnotism at the Belle Epoque : the path traced by JM Charcot and G. Gilles de la Tourette
Bogousslavsky J, Walusinski O, Veyrunes D
European Neurology 2009;62(4):193-199