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mise à jour du
22 septembre 2002
Encyclopédie médico-chirurgicale Système nerveux
17012D10; 02/1965
lexique
Troubles réflexes viscéraux
J Boudouresques, R Pache, R Khalil
le Bâillement

Chat-logomini

Le bâillement n'est qu'un acte respiratoire modifié : il consiste en une profonde et lente inspiration, suivie d'une expiration également prolongée et bruyante. C'est là un acte physiologique préparant généralement au sommeil. Mais, dans certaines circonstances pathologiques, il peut devenir un symptôme d'une haute valeur diagnostique ou pronostique.

Séméiologie : La période inspiratoire du bâillement est marquée par une attitude suggestive : l'ouverture de la bouche est large et peut aller jusqu'à la luxation du maxillaire inférieur ; le sujet étend ses membres, en un geste d'étirement, renversant le tronc et la tête en arrière, tandis que ses yeux se ferment... Pendant le bâillement, l'air est inspiré à peu près exclusivement par la bouche ; les orifices postérieurs des fosses nasales sont en grande partie oblitérés par la contraction du voile du palais, qui ne cesse qu'avec l'occlu. sion de la bouche. La période expiratoire ne s'accompagne d'aucun phénomène particulier.

Au cours du bâillement, apparaissent un léger larmoiement et une augmentation de la sécrétion salivaire. Le bâillement est un acte involontaire. Son déclenchement et son interruption échappent au contrôle de la volonté. Cependant, celle-ci peut en dissimuler une partie, en abrégeant, par exemple, le dernier temps par la fermeture brutale et active de la bouche sous l'effet d'un effort voulu, contenant lexpiration bruyante terminale. La volonté reste impuissante à produire le bâillement. C'est un des actes instinctifs sur lesquels l'imitation a le plus de puissance.

Physiopathologie : Le bâillement demeure un phénomène complexe, nécessitant très vraisemblablement la mise en jeu de plusieurs zones privilégiées du Système nerveux central : le diencéphale (rapport du bâillement avec le sommeil), le cortex frontal, le bulbe et, pour certains, la moelle cervicale.

1) Centre méso-diencéphalique. - a) Argument physiologique. - On connaît l'importance du diencéphale dans la physiologie du sommeil. Or le bâillement physiologique (Insabato et Callicaris) peut être considéré comme l'expression du besoin de sommeil ; il le précède en effet, et le suit si le sujet a encore besoin de dormir. Il paraît donc logique de placer le centre du bâillement au voisinage du centre du sommeil, au niveau de la region pré-optique et juxta-septale, dans la partie antérieure du noyau paraventriculaire, et lié à un relais mésencéphalique proche des noyaux segmentaires.

b) Arguments anatomo-cliniques. - L'expérience démontre que les affections du système nerveux entraînant directement ou indirectement une souffrance du diencéphale, s'accompagnent volontiers de bâillements, associés souvent à de l'hypersomnie (encéphalite épidémique, les tumeurs diencéphaliques ). Au cours du syndrome d'hypertension intracrânienne, avec en particulier œdème cérébral, secondaire à des tumeurs, des abcès le bâillement résulte soit de la distension des noyaux mésodiencéphaliques, soit de leur compression par une hernie cérébrale interne, soit encore de la jonction de ces deux mécanismes.

2) Centre cortical, lobe frontal. - a) Arguments physiologiques. - Le bâillement serait le résultat de mouvements instinctifs et automatiques effectués par le simple réveil des images motrices inscrites dans les centres corticaux kinesthésiques (Janet, Monakov et Grasset). Ainsi, explique-t-on sa reproduction par un effort de volonté ou par imitation (cela s'observe surtout chez les émotifs, les hystériques, qui présentent une hyperexcitabilité des centres corticaux) ou encore par l'éclosion de certains sentiments de tristesse.

b) Arguments anatomo-cliniques. - Le cortex frontal interviendrait soit par une souffrance du lobe préfrontal (Delmas-Marsalet) ou de l'aire 6 (Cushing), soit encore par l'altération de circuits contrôlant le sommeil, provenant de différentes régions corticales (hippocampe, aire cingulaire, cortex frontal, circonvolutions prémotrice et temporale) et se projetant sur le thalamus (Davidson et Demuth).

Ne sont valables que les cas de lésions frontales pures (en général tumorales), en dehors de toute hypertension intracrânienne, et ne se prolongeant pas vers la région hypothalamique. Il peut s'agir de néoformation, de lésions vasculaires (hématome frontal, ramollissement frontal (Delmas-Marsalet)).

3) Centre bulbaire. - a) Arguments physiologiques. - Pour A. Salmon, c'est dans le bulbe que le bâillement trouverait sa genèse et ce, pour au moins deux séries de raisons

1) Les phénomènes moteurs accompagnant le bâillement relèvent pour la plupart, de l'activité de nerfs d'origine bulbaire : la X paire crânienne contrôle, en effet, les mouvements de la voix et du pharynx ; la XI paire, la position du cou , la XII paire, les mouvements de la langue, tandis que la VII paire préside, en partie, à l'ouverture de la bouche et à l'occlusion active des yeux, et que les racines cervicales commandent l'attitude générale de la tête, l'étirement des bras et la contracture du diaphragme.

2) Le bâillement n'est qu'un acte respiratoire modifié : les mêmes muscles y concourent, avec cependant une plus grande amplitude de mouvement et avec ce type spasmodique, qui en constitue le caractère essentiel. Ses rapports sont donc très étroits avec la respiration, dont les centres sont principalement bulbaires.

Presque toutes les causes physiologiques qui le provoquent entraînent un certain degré de ralentissement dans la respiration : le besoin de dormir, l'ennui, la fatigue, le froid, la faim. Ce ralentissement respiratoire, que l'on retrouve dans le sommeil, serait la cause déclenchante du bâillement : «l'hypotonie du noyau respiratoire bulbaire et la diminution du tonus respiratoire> provoqueraient une réaction automatique instinctive des muscles respiratoires sous forme de bâillement (Zondek et Bier ; A. Salmon).

b) Arguments anatomo-cliniques. - La souffrance bulbaire s'accompagne parfois de bâillements : - l'encéphalite épidémique, avec lésions bulbaires (Guillain, Alajouanine, Paulian, Callicaris, F. Negro) ; - certaines tumeurs cérébelleuses, comprimant les noyaux bulbaires (Macwen ); - la myasthénie dErbGoldflam, dans les cas où les phénomènes respiratoires sont importants, entraîne parfois le bâillement (Albertoni).

4) La moelle cervicale. - Le bâillement a pu être observé dans certains syndromes médullaires cervicaux, déclenchés alors par l'étirement des membres supérieurs : poliomyélite (D. Furtado), sclérose médullaire cervicale (J. Paillas).

5) Conclusions. - La physiopathologie du bâillement est donc loin d'être élucidée, mais, à la lumière des divers arguments énoncés, on peut admettre l'existence de plusieurs centres, dont la sollicitation et l'intervention plus ou moins complètes dépendent, en définitive, de la cause et des circonstances du bâillement. Cest ainsi qu'un centre principal mésodiencéphalique subissant les modulations des centres voisins du sommeil et peut-être de la substance réticulée, et opérant sous le contrôle du lobe frontal, coordonne. rait l'activité d'un centre bulbaire, soumis lui-même à une dépression du noyau respiratoire.

Etiologie : Les causes pathologiques du bâillement sont nombreuses.

1) Causes générales. - a) Causes infectieuses. - La forme somnolente de la typhoïde, les réactions encéphalitiques de la varicelle, de la rougeole, de la vaccination antivariolique, peuvent s'accompagner de bâillements plus ou moins liés aux troubles du sommeil, par atteinte mésodiencéphalique.

b) Causes toxiques : 1) intoxications exogènes. - Ce sont surtout celles provoquées par les hypnotiques et tout particulièrement les barbituriques. Les bâillements répétés annoncent soit un sommeil profond, soit un coma, en cas de doses trop fortes (tentatives de suicide). L'opium entraîne souvent un état d'hébétude avec somnolence et bâillements, qui, dans l'intoxication morphinique à doses élevées, atteignent une particulière fréquence. La bulbocapnine à doses modérées, les asphyxies et avant tout l'intoxicazion par roxyde de carbone sont à citer.

2) Intoxications endogènes. - Il s'agit surtout de celles qui sont en rapport avec le diabète (le bâillement peut être le prélude d'une acidose), l'acidose de l'enfant ; l'hyperazotémie avec torpeur et asthénie ; les insuffisances hépatiques ; les troubles ovariens (dysménorrhée, ménopause, grossesse) ; l'insuffisance thyroïdienne ; l'hypoglycémie, enfin, qu'elle soit physiologique (faim), pathologique (adénome pancréatique) ou provoquée (insulinothérapie chez les malades mentaux).

3) Causes neurologiques. - A) Encéphalites. - 1) Encéphalite épidémique. - L'importance des troubles du sommeil explique, dans cette maladie, la fréquence des bâillements. Ceux-ci, plus ou moins nombreux et profonds, peuvent accompagner l'installation progressive de la léthargie ou survenir d'une manière répétée au cours de brèves périodes de veilles, entrecoupant le sommeil, ou encore s'associer de façon incoercible à une simple somnolence plus ou moins continue. Dans d'autres cas, les crises de bâillements, suivies de sommeil, s'intercalent avec des accès de bâillements sans besoin de dormir et des crises de narcolepsie (D. Furtado). Des troubles respiratoires graves s'associent volontiers aux accès de bâillements (A. Salmon, D. Furtado). Enfin, le bâillement s'installe dans la somnolence du Parkinson postencéphalitique (Sicard et Paraf, Fischer. Insabato, Levy, Froment et Policard). Les bâillements seraient surtout fréquents dans les syndromes parkisoniens postencéphalitiques avec important déséquilibre neuro-végétatif et vagotonie (Frank, Marinesco, Negro, A. Salmon). Pour d'autres, le bâillement serait favorisé par la dépression vagale obtenue par diverses médications (atropine, scopolamine). 2) Trypanosiomiase. - Au cours de sa deuxième période (hypersomnie), elle présente des bâillements, qui, par leur fréquence et leur mode d'apparition, se rapprochent de ceux de l'encéphalite épidémique.

B) Bâillement et hypertension intracrânienne (H.I.C) Accompagné de somnolence et d'obnubilation intellectuelle, le bâillement est un des signes principaux d'hypertension intracrânienne. 1) H.I.C. par surproduction de liquide céphalo-rachidien. - Les méningites : le bâillement ne se rencontre guère que dans les formes de la méningite tuberculeuse chez l'enfant et de la méningite cérébro-spinale ; il annonce alors la somnolence et disparaît avec elle. Les hémorragies méningées peuvent s'accompagner de bâillements précédant ou accompagnant la somnolence. 2) H.I.C. par oedème cérébral. - L'oedème cérébral est certainement la cause la plus fréquente du bâillement pathologique. Il relève de causes multiples. Ce sont essentiellement : Les tumeurs cérébrales, les encéphalites pseudotumorales, les formes pseudotumorales des ramollissements cérébraux et de l'hypertension artérielle, certains traumatismes crâniens, l'état de mal comitial, quelques processus généraux (urticaire, maladie sérique, syndrome malin des maladies infectieuses).

L'œdème cérébral agit par la distension ou par la compression des centres mésodiencéphaliques ou par les deux facteurs à la fois. Il s'agit, en général, d'un œdème aigu généralisé (à tout un hémisphère, au tronc cérébral, ou à tout l'encéphale). Cet œdème se complique volontiers, par l'apparition d'engagements qui viennent aggraver H.I.C. et surtout la souffrance mésodiencéphalique (engagement temporal, sus-calleux, cérébelleux). Dans tous les cas d'oedème généralisé, compliqué ou non d'engagement, le bâillement s'inscrit dans un tableau d'H.I.C. et de signes de souffrance des centres du plancher du IIIe ventricule (essentiellement un état de torpeur caractéristique). Les bâillements sont profonds, presque continus. C'est alors un signe de gravité qui ne saurait échapper au médecin. S'il y a engagement temporal ou des amygdales cérébelleuses, des signes actuellement classiques s'ajoutent au tableau précédent.

Le bâillement représente le signe le plus évocateur d'une souffrance mésodiencéphalique; sa valeur pronostique est considérable : il est un synonyme de gravité.

C) Bâillement et syndrome localisé (absence de signes d'H.I.C.). - Le bâillement est ici, non pas un signe d'œdème cérébral, mais de localisation. 1) lésions diencephaliques (en dehors de l'œdème cérébral) : il s'agit essentiellement de tumeurs : soit de tumeurs de la région mésodiencéphalique (hypophyse, région infundibulotubérienne, III°ventricule) prenant une allure exceptionnellement léthargique où le bâillement précède des accès d'hypersomnie, les accompagne ou alterne avec eux ; soit de tumeurs de voisinage, entraînant une réaction épendymaire du III° ventricule (tubercules quadrijumeaux, glande pinéale). - Les traumatismes crâniens : en apparence peu importants, ils peuvent plus ou moins tôt (Souques, Lhermitte), par simple ébranlement de la tige cérébrale. entraîner des accès de bâillements et de narcolepsie. - Les artérioscléreux, présentant des lésions vasculaires mésodiencéphaliques ou pédonculaires (calotte), peuvent présenter, de ce fait, des troubles du sommeil avec bâillements. - Les équivalents épileptiques, à type de bâillements, sont exceptionnels ; par contre, une série de bâillements réitérés avec tendance au sommeil, peuvent être un signe avant-coureur d'une crise comitiale.

2) Affections du lobe frontal. - Le bâillement d'origine frontale a été principalement étudié par Delmas-Marsalet. Il apparaît surtout à l'occasion d'un effort intellectuel et diminue quand cet effort cesse ; d'où sa fréquence au cours de l'examen du malade. Il est incoercible, ne peut être modifié, et les patients éduqués s'en excusent. Il survient le plus souvent indépendamment de toute som. nolence. Il existe aussi bien dans les lésions frontales droites que dans les gauches. Il ne paraît pas lié à une action indirecte de l'H.I.C. sur les centres du sommeil, puisqu'on peut le rencontrer dans des lésions non hypertensives. Il paraît dû à un état de fatigabilité physique spécial, déterminé par la présence d'une lésion préfrontale importante.

Etiologie : au premier rang, se placent les tumeurs frontales. On peut citer ensuite les traumatismes du lobe frontal avec hématomes, les lésions vasculaires frontales, hématomes spontanés, ramollissements .

3) Souffrance bulbaire. - Les bâillements ont été constatés par Macewen au cours des tumeurs cérébelleuses entraînant la compression ou le ramollissement des noyaux bulbaires ; dans la myasthénie d'Erb-Goldflam, avec troubles respiratoires importants (apnée, respiration périodique). Les syndromes vasculaires bulbaires peuvent également inscrire dans leur tableau clinique des bâillements, dont l'intensité et la profondeur sont très variables.

4) Affections médullaires. - Chez un malade de Furtado présentant une poliomyélite antérieure aiguë cervico-bulbaire, apparait, après quinze jours d'évolution, un curieux réflexe de bâille. ment provoqué par l'abduction passive du bras des deux côtés. Ce bâillement était en tout point semblable au bâillement spontané du malade et s'accompagnait d'une sensation de sommeil. Il exis. tait une période réfractaire de vingt à trente secondes après chaque bâillement provoqué. Il disparut au bout d'une semaine. J. Paillas constate le même phénomène au cours d'une sclérose médullaire cervicale. La reproduction passive de l'ouverture des bras, classique au cours de bâillement physiologique, déclencherait l'excitabilité supralésionnelle (Foerster), conditionnée par les syndromes transversaux de la moelle cervicale. La sclérose en plaques (Guillain et Alajouanine), le tabès peuvent s'accompagner, au cours de leur évolution, de bâillements avec somnolence : mais, il s'agit alors d'un processus secondaire mésodiencéphalique (lésion pédonculaire haute ; arachnoidite opto-chiasmatique).

III) Causes psychiques. - L'ennui est cause de bâillements. Le plaisir et la douleur, l'angoisse et l'anxiété en sont parfois la raison. Ils peuvent survenir après de violents accès de colère ou des périodes d'excitation mentale. Le bâillement d'imitation est bien classique. Le bâillement hystérique a été reconnu de longue date (Charcot, Gilles De La Tourette, Quinon et Huet, Déjérine). Son importance paraît avoir été exagérée, C'est un accident qui se présente à l'état permanent ou paroxystique ; permanent, le bâillement ne cesse que pendant le sommeil, pouvant durer des mois et des années, et s'associant volontiers à des quintes de toux ; paroxystique, il évolue par accès pouvant dépasser la demi-heure.