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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 

 mise à jour du
6 novembre 2003
 chez JB. Baillière
Paris
1851
Manuel de physiologie
Johannes Muller 1801-1858
professeur de physiologie à l'Université de Berlin
traduit par AJ. Jourdan et par E. Littré
deux tomes

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johannes muller
 
Page 103 Association des idées et des mouvements :
[...] l'enchâinement des idées et des mouvements peut devenir aussi intime que celui des idées entre elles, et ici il arrive réellement que, quand une idée et un mouvement ont été fréquemment associés ensemble, le second se joint souvent involontairernent à la première. C'est cet enchaînement qui fait que nous fermons les yeux malgré nous, quand un mouvement menaçant s'opère devant nous, même lorsqu'un étranger passe sa main devant notre figure; que nous nous accoutumons à ne point exprimer certaines idées sans les accompagner de certains gestes, que nous portons involontairement les mains en avant lorsqu'un corps menace de tomber sur nous. En général, plus il arrive souvent à des idées et à des mouvements de s'offrir volontairement ensemble et plus il est facile aux mouvements de s'exécuter à l'occasion des idées qui les rappellent, plus ils sont soustraits à l'empire de la volonté. Ce mode d'enchaînement ne joue pas un moins grand rôle dans la mécanique et les arts que l'association des mouvements entre eux. L'association des mouvements entre eux ne peut s'expliquer que par un écoulement de l'influx cérébral rendu plus facile suivant une certaine direction; l'enchaineinent des idées et des mouvements semble annoncer qu'à chaque idée il se développe, dans l'appareil destiné à la traduire par des mouvenients, une tendance au mouvement, à laquelle l'exercice et l'habitude font prendre un si grand développement, qu'au lieu de rester simple disposition, comme elle le fait dans les cas ordinaires , elle entre en action toutes les fois que l'occasion se présente. Le bâillement peut servir d'exemple à cet égard. Il suffit d'y penser pour bâiller, lorsque la disposition à cet acte existe. Quelle liaison y a-t-il entre l'image d'un homme bâillant qui se produit dans le cerveau et le mouvement involontaire du bâillement ? Comment se fait-il que, parmi tant d'images, il n'y ait que celle-là qui provoque les mouvements du bâillement? C'est une preuve manifeste que l'idée d'un mouvement suffit seule pour produire une tendance dans l'appareil chargé de la mettre à exécution, pour déterminer un courant du principe nerveux dans cette direction. Mais on pourrait citer plusieurs exemples analogues. Personne n'ignore que les spectateurs d'un assaut ou d'un duel accompagnent chaque passe d'un léger mouvement involontaire de leur corps. Le jeu de quilles fournit matière à la même remarque. De là vient aussi que, quand nous nous trouvons sur de grandes hauteurs, et dans une situation dangereuse, nous sentons en nous quelque chose qui nous pousse à nous précipiter. C'est encore ici que se place le penchant à l'imitation des mouvements. On a beau vouloir garder son sérieux, si l'on pense sans cesse au rire, on finit par rire, comme les enfants qui, avant de rire, regardent si ceux qui les entourent rient. Il arrive souvent que, longtemps après avoir été témoin d'une scène plaisante, on éclate encore de rire, si l'on voit quelqu'un rire en cachette ou faire des efforts pour s'en abstenir. Enfin, les personnes sujettes aux spasmes en éprouvent lorsqu'elles deviennent témoins d'accès convulsifs : ce phénomène n'est pas rare dans les hôpitaux. La tendance à des mouvements qui nait d'idées de mouvements a été comparée par Chevreul aux oscillations d'un pendule qu'on tient à la main.....
 
Page 279 de l'influence des nerfs sur la respiration :
[...] Le bâillement est une inspiration lente et profonde, suivie d'expiraton lente, et à laquelle participent les muscles respiratoires de la face qui dépendent du nerf facial. La bouche est largement ouverte, mouvement que dirige aussi le nerf facial, par le moyen du muscle digastrique. Le bâillement a lieu d'ordinaire à la suite des fatigues; il arrive fréquemment surtout chez les personnes dont le sytème nerveux est irrité et affaibli, chez celles qui ont envie de dormir, et au début d'une fièvre. On a prétendu qu'il provenait d'obstacle de la petite circulation: cette supposition me paraît absolument fausse.
 
Page 770 la moelle allongée:
[...] Les cordons ronds (funiculi teretes) se montrent, dans les cordons grêles, comme parois latérales de la moelle épinière, pénètrent entre ces mêmes cordons, dans le sinus rhomboïdal, se portent en avant, séparés l'un de l'autre par la scissure de ce sinus, dont ils forment le fond, et se continue jusqu'au pourtour antérieur et inférieur de l'aqueduc.
Quant à ce qui concerne les forces de la moelle allongée, je dois d'abord faire remarquer que cet organe participe, en général, aux propriétés de la moelle épinière. Il jouit, comme elle, du pouvoir réflectif; nulle partie même du système nerveux entier n'est plus disposée que lui à produire des mouvements réflexes car les nerfs qui en naissent sont, de tous, ceux qui en déterminent avec le plus de facilité. La moelle allongée fait partie de l'appareil moteur, et aucune autre portion du système nerveux n'exerce autant d'influence qu'elle sur la production des mouvements ; toutes les fois qu'on l'irrite , il survient des convulsions dans le tronc entier, que ses lésions frappent également de paralysie. Mais les propriétés suivantes sont ce qui la distingue de toutes les autres parties des organes centraux:
 
Elle est la source de tous les mouvements respiratoires, comme le prouvent les expériences de Legallois. Quand on détruit le cerveau d'avant en arrière, chez un animal, la respiration ne cesse qu'au moment où l'un atteint la moelle allongée. C'est donc dans cet organe que réside la source des inspirations périodiques, et de tous les changements que la respiration éprouve par suite des irritations qui agissent sur les nerfs sensitifs des membranes muqueuses. Les passions influent sur elle en excitant tous les nerfs respiratoires, le facial excepté ; en elle se trouve le principe provocateur des mouvements qui accompagnent ou déterminent l'action de pleurer ou le rire, le hoquet, les soupirs, le bâillement, la toux, le vomissement, mouvements dans lesquels le système entier des nefs respiratoires et du nerf facial sont toujours affectés. De même que leur point de départ est à la moelle allongée dans les passions, de même aussi ils peuvent être provoquées par une action du sensorium sur cet organe, et ils le sont même souvent par de simples idées, comme les pleurs, le rire, le bâillement. La disposition à bâiller paraît exister toujours lorsque les parties centrales du système nerveux se trouvent dans un état de lassitude : si alors l'idée du bâillement se présente à l'esprit, parce que nous voyous d'autres personnes bâiller, cette propension se réalise, et nous bâillons. Dans ce mouvement, il y a affection du système des nerfs respiratoires et du nerf facial, tant des branches de ce dernier qui se portent à la face, que de celle qui répand dans le muscle digastrique.......
 
 
physiologie mueller
 
Johannes Peter Muller (1801-1858) was professor of physiology and anatomy at Berlin University from 1833 until his death in 1858. He became famous for his research in various fields, including embryology, pathology, biochemistry, comparative anatomy, psychology and marine zoology. He also proposed the physiological law of specific energies in 1840, which dictates that each sensory nerve produces its own specific sensation to a stimulus.
 
 
". . . (T)he same cause, such as electricity, can simultaneously affect all sensory organs, since they are all sensitive to it; and yet, every sensory nerve reacts to it differently; one nerve perceives it as light, another hears its sound, another one smells it; another tastes the electricity, and another one feels it as pain and shock. One nerve perceives a luminous picture through mechanical irritation, another one hears it as buzzing, another one senses it as pain. . . He who feels compelled to consider the consequences of these facts cannot but realize that the specific sensibility of nerves for certain impressions is not enough, since all nerves are sensitive to the same cause but react to the same cause in different ways. . . Sensation is not the conduction of a quality or state of external bodies to consciousness, but the conduction of a quality or state of our nerves to consciousness, excited by an external cause."