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Biographies de neurologues
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 

 

 

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jf.double
bibliographie
Signes tirés du bâillement
Signes tirés des pandiculations
François Joseph Double
Verdun-sur-Garonne 1776 - Paris 1842
 
Un des fondateurs de l'Académie de Médecine
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Mis à jour le
18 mars 2004
double-semeiologie
Séméiologie générale ou traité des signes et de leur valeur dans les maladies
contenant les signes fournis par la considération des fonctions et des facultés
Tome II Croullebois Editeur Paris1817 602p
 
Les pandiculations : pages 542-544
 
Le bâillement : pages 69-73
(orthographe respectée) 
 
Des considérations rapides sur le mécanisme du bâillement, laissent facilement entrevoir le degré d'influence qu'il doit avoir sur l'économie. Quelle idée ne prendra-t-on pas de son importance, si l'on réfléchit à l'état général de l'économie qui le précède et qui le termine, et par exemple à l'espèce de stupeur et d'engourdissement qui le prépare, au sentiment de lassitude et de faiblesse qui le devance, et au contraire à la sensation agréable qui le suit, au délassement et au bien-être qu'il procure. C'est dans la méditation ce ces divers objets, que l'on retrouve l'indication de la plupart des signes que l'expérience a attaché au bâillement.
 
Nous ne confondrons pas le bâillement avec les pandiculations, quoique ces deux mouvements composés de l'économie, se lient souvent l'un à l'autre. Le premier, étant une respiration grande, longue et forte, qui se fait par l'ouverture extraordinaire et involontaire de la bouche, il en sera question ici: l'autre, n'étant qu'une extension en partie volontaire et en partie forcée des muscles du tronc et des extrêmités, et par conséquent qu'une modification de l'irritabilité, il en sera parlé plus loin.
 
Il ne faudrait pas confondre le bâillement que produisent la paresse, l'ennui, la fatigue, le froid ou la chaleur, l'assoupissement, le sommeil, et même la simple vue d'un homme qui bâille, avec le bâillement qui a lieu dans les maladies. Le praticien n'oubiera cependant pas que, même durant l'état de santé, le bâillement peut être un des prodromes de la maladie en général : «Oscitatio et pandiculatio etsi sœpe pigritiœ saltem signa sunt, aut ex imaginatione proficiscuntur; interdûm tamen a causâ morbifica ortum habent et morborum instantium sunt prœsagia (Sennert)».
 
Le bâillement précède l'invasion des fièvres en général (Hippocrate de Flatibus) , et spécialement l'invasion de l'accès dans les fièvres intermittentes; la fréquence, aussi bien que l'intensité de ce mouvement laissent prévoir d'avance la durée et la violence du spame et du froid fébriles.
 
Les bâillemens fréquens, suivis de larmoyement et de pandiculations, sont les signes précurseurs des fièvres éruptives. Oscitationes febrese ruptionnum prœcedunt.
 
J'ai observé très souvent les bâillemens avec sternutation, aux approches des fièvres catarrhales que nous voyons régner si fréquemment d'une manière épidémique dans la capitale : «Haud rarœ quoque est observationis, in iis qui in catarrhales incassuri sunt febres, frequentiorem plenumque contingere oscitationem, imminetatis jam insultus febrilis prœnuncuatricem» (Büchner dissertatio de oscitatione ut signo in morbis. Halae 1758).
 
Les bâillemens ont lieu assez souvent aux approches des fièvres bilieuses, ainsi que l'a observé le docteur Alberti (Michel. Alberti dissertatio de oscitatione. Halæ Magdeburg 1737).
 
C'est une chose très commune que de voir les femmes grosse éprouver des bâillemens incommodes et même douloureux, tant par leur fréquence que par leur intensité.
 
Les dérangemens considérables des époques menstruelles amènent aussi des bâillemens très-forts. Je trouve dans Riedlin l'observation suivante : une demoiselle de 22 ans, à la suite d'un retard de règles, devint asthmatique, au point qu'on désespérait de sa vie. La respiration reprit son naturel, et la malade fut atteinte de bâillemens si considérables, que la mâchoire inférieure en fut plusieurs fois luxée. Les anti-spasmodiques remèdièrent à cet accident; mais la malade ayant bu un peu de vin, il lui survint un rire convulsif qui cessa en même temps que l'excitation que le vin avait provoquée (Riedlini Lineæ medicæ anni 1695).
 
Hœchster, cité par Riedlin, rapporte l'observation d'une fille de 14 ans qui n'avait pas encore été règlée, et qui, tous les jours à quatre heures après-midi, éprouvait des bâillemens très fréquens, très pénible, et suivis de divers accidents morbifiques (Hœchstetteri rar. observ. med. decades sex. dec.4. obsrv.9, p447).
 
Dans les affections spasmodiques et nerveuses, le bâillement est l'indice de la cessation du spasme; quelquefois, cependant, les bâillemens annoncent l'invasion de ces mêmes maladies nerveuses ou du moins certaines. Cela est particulièrement vrai pour l'épilepsie que j'ai vue plusieurs fois sûrement annoncée par des bâillemens plus ou moins fréquens. Hoffmannen avait fait la remarque dans un cas particulier : «Post quemdam languorem et brevem oscitationem protinùs œger omnium nescius concidit, etc.»
 
Les bâillemens sont un signe des embarras gastriques et des congestions vermineuses; ils précèdent quelques fois l'apoplexie, très souvent les accès d'histéricie et d'hypochondrie, et presque toujours la syncope.
 
En général, le bâillement est un signe mortel toutes les fois qu'il existe un grand épuisement des forces dans les maladies aigües; par exemple, chez les femmes qui sont en travail d'enfantement, et même durant les maladies aiguës des femmes en couches.
 
La fréquence des bâillemens chez les enfants en bas âge, est le résultat de l'accroissement rapide du corps; il est presque toujours salutaire.
 
Les bâillemens précèdent la syncope.
 
Les pandiculations : pages 542-544
 
Une distenion successive de tous les muscles avec une sensation agréable assez ordinairement suivie de bâillement, constituent les pandiculations.
 
C'est à tort que presque tous les séméiologistes ont confondu le bâillement avec les pandiculations. Le bâillement est bien évidemment un acte de la respiration, et les pandiculations sont incontestablement le produit de l'action musculaire, de l'irritabilité. Ces deux opérations de la vie sont sans doute fréquemment unies ensemble, et elles offrent, comme induction séméiotique, de nombreux rapprochemens; mais ce ne sont pas là des raisons suffisantes pour les confondre.
 
Dans les pandiculations, la tête et le cou s'élèvent, et restent solidement fixés par l'action combinée des muscles qui les unissent, surtout postérieurement. Les muscles de la colonne vertébrale et des différents points de la poitrine, se développent; la cavité thorachique prend une extension considérable. De plus, nous jetons les bras de côté et en arrière, et nous les tenons ainsi fortement étendus. Nous allongeons enfin les extrêmités inférieures; en sorte qu'il se produit réellement une augmentation d'action considérable dans tout le sytsème musculaire, et par la suite une excitation souvent salutaire.
 
Les pandiculations sont presque toujours un mouvement critique que la nature détermine pour faire cesser un spasme, soit partiel, soit universel, et pour produire une plus juste et plus égale distribution des mouvemens et des forces sur les divers points de l'économie.
 
Une grande lassitude, l'envie de domir qu'on ne peut satisfaire, l'ennui que l'on supporte long-temps, le réveil en sursaut, causent souvent des pandiculations.
 
Dans l'état de santé, les pandiculations fréquentes deviennent un des prodromes généraux des maladies.
 
Les pandiculations précèdent les accès de fièvres intermittentes, les attaques de manie, d'hystéricie, d'hypochondrie.
 
Aux approches des convalescences, les pandiculations sont un signe très-avantageux; mais si elles se prolongent et si elles persistent avec trop d'opiniatreté, on doit craindre une rechute.
 
Dans le cours des maladies, les pandiculations sont toujours salutaires; elles constatent l'état favorable des forces vitales et la résistance que la nature oppose à l'action de la maladie.
 
Les pandiculations deviennent surtout dans les maladies nerveuses, dans les phlegmasies internes, et toutes les fois que l'on a à craindre une vicieuse concentration des mouvemens et des forces sur un des points de l'économie.
 
Les pandiculations, dans le principe des fièvres malignes, diminuent singulièrement les craintes attachées à ces maladies.