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Iean Baptiste Porta 1655
 
 
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 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 
 
 
 
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mise à jour du
26 août 2004
 
3 ème édition
La physionomie
et l'expression des sentiments
Paolo Mantegazza
Felix Alcan ed., Paris
1897

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paolo mantegazza
page 73 - Quand notre attention se porte sur un phénomène pour l'observer, elle en dérange presque toujours l'allure spontanée et naturelle. C'est ce que nous voyons tous les jours dans le bâillement, qu'un observateur importun interrompt subitement.
 
page 78 - Nous trouvons pourtant chez les animaux une mimique qui n'est pas directement défensive, mais qui l'est par atavisme, et par conséquent qui est seulement sympathique. Darwin a eu le mérite de recueillir et d'interpréter beaucoup de faits de ce genre. Le chien, avant de s'étendre sur un tapis, tourne plusieurs fois sur lui-même et fouille avec ses pattes de devant, comme s'il voulait fouler l'herbe pour refaire une place commode. D'autres fois, il gratte un sol dur pour essayer d'enterrer ses excréments, bien qu'il n'ait ni terre ni feuilles à remuer. De même les chats répugnent à se mouiller les pieds, peut-être parce que leurs ancètres sont nés sur le sol aride de l'Egypte, et ils ont une tendance à recouvrir de sable ou de terre tous les endroits un peu humides. Les filles de Darwin ont réussi à faire exécuter ces mouvements à un jeune chat en versant de l'eau dans un verre placé derrière sa tête.
 
Pour l'automatisme de la mimique, les enfants tiennent le milieu entre les animaux et nous. Souvent un maitre d'école punit toute une classe qui s'est mise à tousser et à éternuer parce qu'un écolier a toussé ou éternué involontairement. Il croit de bonne foi qu'ils sont tous coupables d'avoir éternué ou toussé exprès. Cependant c'est presque toujours, si non toujours, un automatisme irrésistible qui pousse ces enfants à faire par imitation ce, que l'un d'eux a fait par besoin réel. C'est l'éternelle histoire des moutons qui s'enfuient tous de la bergerie quand l'un d'eux s'est enfui et qui y rentrent tous dès que l'un est rentré. Et nous autres adultes, qui ne sommes ni des enfants, ni des moutons, nous participons aussi à cet automatisme animal. Les claqueurs et les cabaleurs de profession le savent bien ; ils réussissent souvent à décider le succès où la chute d'une comédie, en organisant une claque ou une cabale afin d'entraîner automatiquement la foule à applaudir ou à siffler. Les généraux qui ont commandé dans de grandes batailles, pourraient raconter des faits tragiques, arrivés dans des occasions très diverses, pour une raison identique.
 
Les faits de mimique sympathique sont plus difficiles à expliquer que les phénomènes défensifs, mais avec une analyse
patiente et profonde, ils finissent, eux aussi, par s'éclaircir.
 
Je les rangerais volontiers dans les catégories suivantes :
 
Sympathies d'imitation. Ce sont les plus communes et les plus faciles à comprendre. On bâille, on s'enfuit, on regarde, en l'air, parce que d'autres bâillent, s'enfuient, ou regardent vers le ciel.
 
Sympathies musculaires ou mécaniques. On dit non avec la tête, puis avec la main, puis encore, s'il y a lieu, avec le tronc. On menace en ouvrant la bouche, en regardant (le travers, en fermant le poing, et quelquefois en levant le pied.
 
Sympathie des fonctions. La mimique amoureuse la plus élémentaire se groupe autour du bassin où est le siège des organes génitaux, puis elle passe à la main qui caresse, et, plus encore, à la bouche qui joue un si grand rôle dans les plaisirs de l'amour.
 
Sympathies obscures des centres nerveux. Ce sont les faits les plus obscurs de la mimique animale et ils ne pourront être expliqués que par les progrès futurs de Physiologie. Tels sont l'acte de se gratter la tête, ou de fermer les yeux pour exprimer l'embarras, l'incertitude, la timidité, celui de faire la moue pour montrer du mépris.
 
pages 104 - 107 - Expressions de la douleur
Dans notre Physiologie de la douleur, publiée récemment à Florence, et illustrée d'un bel atlas de photographies, nous avons consacré le quart de l'ouvrage à l'étude des expressions douloureuses; nous avons réuni dans ces pages le fruit d'observations longues et patientes, et de beaucoup d'expériences cruelles. Ici, nous ne ferons qu'indiquer à grands traits les conclusions lés plus impoftantes de nos études, afin que la mimique ne présente pas une déplorable lacune. Quand on a voué toute sa vie à l'étude de l'homme, on est obligé de toucher les mêmes sujets dans les divers travaux qu'on publie, et quelques répétitions sont inévitables.
 
L'expression de la douleur est très riche en éléments mimiques; mais on peut les résumer tous dans le tableau suivant.
 
Il est rare que ces formes élénientaires de l'expression douloureuse se rencontrent isolées dans la nature; presque toujours elles se combinent de diverses façons formant certains tableaux qui se ressemblent plus ou moins selon la nature de la souffrance et plus encore selon le caractère du patient.
 
Expressions de réaction.
Expressions de paralysie.
Expressions mixtes de la douleur et du sentiment qui l'a produite ou qui l'accompagne.
 
EXPRESSIONS DE RÉACTION. - Ce sont les plus communes; elles accompagnent toutes les douleurs légères et le début des grandes douleurs. Les courants centrifuges s'échappent le long des différents nerfs en produisant une infinité de mouvements, contraction des muscles faciaux, agitation des membres et du tronc, plaintes, cris, sanglots, hérissement du poil et des cheveux, menaces à des êtres réels présents ou absents ou même à des êtres imaginaires.
 
Toute cette complication de mouvements a un double but, celui de décharger les centres nerveux de la tension trop forte qui les accable, et celui de combattre la douleur.
 
EXPRESSIONS DE PARALYSIE. - Elles ont presque toujours pour cause des douleurs trop fortes ou trop prolongées. Quelquefois la souffrance est si inattendue et si violente qu'elle produit la paralysie sans passer par la réaction ; et l'on peut être subitement frappé de lipothymie (évanouissement), de syncope et enfin de mort.
 
En dehors de ces cas qui, heureusement, sont exceptionnels, l'accablement de la douleur s'exprime par le bâillement, par la pâleur, par des pertes involontaires de salive, d'urines ou de matières, par l'abattement du visage.
 
EXPRESSIONS MÊLÉES DE DOULEUR ET DE SENTIMENTS DIVERS. - La diversité des effets que la douleur produit sur les muscles du corps humain provient d'ordinaire moins du degré de cette douleur que du sentiment qui la produit ou qui l'accompagne. Ainsi, aux gestes douloureux d'un homme, nous devinons rapidement s'il souffre d'une dent ou d'un cor; de même, l'affection paternelle, l'amour-propre et le sentiment de la propriété, quand on les blesse, unissent leur expression particulière à la mimique de la douleur.
 
CONTRACTIONS MUSCULAIRES. - A part les cas très rares où une paralysie générale est subitement provoquée par une douleur excessive, on peut dire que l'expression de la douleur est toujours accompagnée de contractions musculaires. Celles-ci peuvent être limitées à un petit nombre de muscles, ou à plusieurs groupes, ou s'étendre à tous les muscles volontaires de façon à simuler un tétanos ou une convulsion générale.
 
Diverses circonstances peuvent contribuer à faire contracter un muscle plutôt que l'autre, mais cela dépend surtout du ,siège, de la nature et du degré de la douleur.
 
Les muscles qui servent le plus souvent à exprimer la souffrance sont ceux de la face, puis ceux du cou, du tronc, des membres supérieurs, et enfin ceux des membres inférieurs.
 
Les contractions les plus fréquentes sont celles des muscles sourciliaires et de l'abaisseur de la lèvre inférieure; aussi le froncement du sourcil et l'abaissement de la bouche sont-ils au nombre des signes les plus constants de la plupart des expressions douloureuses.
 
[...]
 
SOUPIRS, GEMISSEMENTS CRIS et BAILLEMENTS. - Le soupir est généralement un élément mimique de la douleur, bien qu'il accompagne aussi quelques-unes des plus vives voluptés érotiques ou affectives. Mais le plus souvent, il interrompt de temps en temps les douleurs longues et muettes, et c'est un signe de souffrance morale plutôt que de souffrance physique.
 
Le soupir n'a qu'à s'éleveted'un degré pour devenir un gémissement, qui d'ordinaire accompagne l'expiration en la prolongeant.
 
Le gémissement peut devenir un cri : mais ce cri est presque toujours l'expression automatique et spontanée de douleurs physiques très aiguës, ou de douleurs morales intenses et subites.
 
Le bâillement exprime les choses les plus variées telles que la faim, la soif, et, surtout chez la femme, le besoin de l'amour physique; mais dans la mimique de la douleur, c'est un élément caractéristique de l'ennui.
 
 
MANTEGAZZA, PAOLO (1831-1910), Italian physiologist and anthropologist, was born at Moriza on the 31st of October 1831. After spending his student-days at the universities of Pisa and Milan, he gained his M.D. degree at Pavia in 1854. After travelling in Europe, India and America, he practised as a doctor in the Argentine Republic and Paraguay. Returning to Italy in 1858 he was appointed surgeon at Milan Hospital and professor of general pathology at Pavia. In 1870 he was nominated professor of anthropology at theInstituto di Studi Superiori, Florence. Here he founded the first Museum of Anthroptilgy and Ethnology in Italy, and later the Italian Anthropological Society. From 1865 to 1876 he was deputy for Monza in the Italian parliament, subsequently being elected to the senate. He became the object of bitter attacks on the ground of the extent to which he carried the practice of vivisection. His published works include Fisiologia del dolore (1880); Fisiologia dell amore (1896); Elementi d'igiene (1875); Fisonomia e mimica (1883); Le Estasi humane (1887).
 
 
 
mantegazza expressions sentiments