Beaucoup d'épileptiques sont
                     pris de bâillements,soit avant, soit
                     pendant ou après leur crise. Les auteurs
                     anciens avaient déjà
                     constaté ce fait, et Hoffmann (Consult et
                     respons. med.) cite le cas d'un
                     épileptique dont l'aura était en
                     partie constituée par un bâillement
                     bref: «Post quemdam languorern et brevem
                     oscitationem, protinus aeger omnium nescius
                     concidit». Rothmund rappelle l'observation
                     de Cl Medicus: « Cl. Medieus narrat de
                     puero qui oscitatione periodica singulis diebus,
                     circa horam quintam revertente laborabat, quin
                     aliud adfuisset rfbris signum». En 1888,
                     Féré
                     publie une observation où les
                     bâillements se produisaient d'une
                     façon à peu près constante
                     dans l'intervalle des paroxysmes, ce qui est
                     assez rare.
                     
                     Observation (Féré,
                     Nouvelle Iconographie de la
                     Salpêtrière, 1888)
                     
                     B .... âgé de vingt-trois ans.
                     Père nerveux, sujet à des
                     convulsions quand un grand bruit vient à
                     frapper ses oreilles. Rien du côté
                     maternel. Du mariage des parents quatre enfants
                     sont morts en bas âge, un seul né
                     avant terme. Ils n'avaient pas eu de
                     convulsions; deux filles bien portantes, puis un
                     enfant du siège qui a eu une seule crise
                     de convulsions pendant l'allaitement et se porte
                     bien depuis.
                     
                     B... est né à terme et
                     était bien constitué. Il a
                     commencé à avoir des convulsions
                     à l'âge de quatre mois; ces
                     convulsions étaient fréquentes et
                     violentes; il criait, se raidissait en portant
                     le tronc en arrière puis trémulait
                     pendant un quart d'heure. Ces crises se
                     produisirent quelquefois par séries qui
                     duraient vingt-quatre heures. A six mois,
                     à la suite d'une crise, il est
                     paralysé de la moitié gauche du
                     corps. A partir de ce moment il s'est
                     développé difficilement; ses
                     attaques se renouvelaient plusieurs fois par
                     mois, mais sa paralysie a diminué peu
                     à peu. À quatre ans il pouvait
                     marcher, mais présentaient des mouvements
                     bizarres des quatre membres. C'est à
                     peine si, à six ans, il disait
                     «papa, maman ». Il a continué
                     à se développer
                     péniblement. B... offre une
                     mobilité extrême de la face et des
                     membres; de temps en temps, sa bouche se
                     dévie, s'ouvre largement et ses yeux
                     clignent ou se ferment. Mouvements dans les
                     membres et mouvements irréguliers du
                     thorax. Ce qui frappe en particulier, ce sont
                     des bâillements qui se
                     répètent très
                     fréquemment, surtout lorsqu'on force B...
                     à rester assis tranquille. Les paroxysmes
                     se présentent sous la forme de vertiges
                     qui paraissent se borner à de, simples
                     éblouissements sans chute. L'histoire du
                     malade ne présente guère de traits
                     saillants en dehors du bâillement. Chez
                     B..., les bâillements ne se produisent pas
                     nécessairement à propos des
                     accès d'épilepsie. Mais en tout
                     cas, les bâillements se produisent dans
                     l'intervalle des accès, presque à
                     toute heure du jour, et surtout lorsqu'on le
                     fait rester immobile; ils se
                     répètent très
                     fréquemment, puisque j'ai pu en
                     enregistrer plus de 20 en une demi-heure;
                     souvent ils se produisent par séries
                     continues.