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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 

mise à jour du
11 août 2005
Jean-Thomas Herissant Paris - 1758
Traité des affections vaporeuses du sexe
Joseph Raulin (1708-1784)
Médecin ordinaire de Louis XV
1758
la folie des vapeurs

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 joseph raulin
 
Les vapeurs affligeoit la plus belle partie de l'humanité dès la naissance de la médecine; elles étaient fréquentes du temps de Démocrite & d'Hyppocrate; elles l'étaient encore du temps de Galien. Ces auteurs déploroient le sort des femmes auxquelles elles étaient exposées. Depuis ces temps éloignés ces maladies se sont multipliées, sont devenues plus dangereuses, plus compliquées, plus épineuses & plus difficiles à guérir; les affections vaporeuses en sont entre autres un exemple trop frappant: c'est en faisant attention à leurs différens symptômes que les médecins modernes ont observé que les maladies des femmes excedent de plus de deux cents celles qui sont particulières aux hommes.
 
Il y a déjà plus d'un siècle que les vapeurs sont endémiques dans les grandes villes; la plupart des femmes qui jouissent des commodités de la vie sont vaporeuses, on peut dire qu'elles achètent par une suite de langueurs l'agrément des richesses......
 
page XX
.. Il est essentiel qu'on observe que c'est un délire commun aux femmes & aux hommes vaporeux. Un homme mélancholique est-il roi, lapin, coq, grain de froment, vase d'argile, parce qu'il croit l'être? On a vu des femmes qui, dans des états approchants des extases, imitoient les cris, le chant du coq, le croacement des grenouilles, le sifflement des serpens, l'aboiement des chiens; est-il vraisemblable qu'elles eussent avant les attaques leur imagination remplie de choses si ridicules? Ces maladies ou d'autres de même nature, dans lesquelles les femmes inventent, exagèrent & répètent toutes les différentes absurdités dont est capable une imagination dépravée, sont quelquefois devenues épidémiques & contagieuses; les femmes qui en étoient attaquées, pouvoient-elles avoir, avant leurs attaques, l'esprit imbu des erreurs de la première malade dont elles ont reçu la contagion? On concevra par ces exemples & par d'autres dispersés dans cet ouvrage, combien il est aisé de se tromper dans les conséquences hasardées, &quand in juge des choses, surtout en Médecine, sans les connoître.
 
Il est aisé de comprendre par tout ce que je viens de rapporter sur ls vapeurs, qu'on ne s'en est pas encore fait une idée distincte; on croit qu'elles ne se présentent d'elle-mêmes qu'un terme vague qui ne mérite & n'exige que de légères attentions. Une femme a-t-elle des inquiétudes, des bâillemens, des hoquets, des spasmes, des mouvements irréguliers dans les nerfs, elle s'en plaint amérement; ses parents , ses amies, ses voisines lui répondent avec indifférence, ce sont les vapeurs. Ces légères vapeurs font insensiblement des progrès, la malade devient triste, elle verse des larmes, ou bien elle paroît enjouée, elle articule des termes qu'on entend pas, ou elle dit de jolies choses, elle rit, elle chante, ou elle pleure & rit alternativement, toujours sans se connoître; on rit comme elle, en disant que ce sont des vapeurs.
 
Ces vapeurs deviennent enfin violentes, c'est leur marche ordinaire; on est d'abord agité par de légers mouvements convulsifs, on tome en convulsions, on perd l'usage des sens, les membres se roidissent; quelquefois ils deviennent inflexibles sans qu'on s'en aperçoive par aucun signe extérieur, souvent on paroît être dans un sommeil tranquille, la couleur est naturelle, tout semble annoncer la santé dans le temps qu'on est dans les accès de vapeurs dont les assistans devroient être allarmés. Dès qu'on s'aperçoit de cet état, on fait flairer des esprits volatils, ou d'autres drogues souvent nuisibles; on donne ensuite des eaux de fleurs d'orange, de tilleul, de menthe, le sirop de karabé, &c. tous lieux communs dans ces maladies, & après l'attaque on continue de dire sur le même ton, ce sont des vapeurs. Cpendant ces accidnets se multiplient, ils deviennent très fréquens; les fonctions en sont lésées; il en survient des engorgements dangereux dans les viscères; les liquides s'appauvrissent, il s'ensuit des pertes ou des suppressions toujours à craindre: heureux encore si l'on en est quitte à meilleur marché; aussi le moins qu'il en résulte ordinairement, ce sont des langueurs presque éternelles, lorsqu'elles ne sont pas incurables.
 
page 5
Signes qui annoncent les Affections vaporeuses.
Les vapeurs convulsives , les spasmes & les convulsions surviennent quelquefois tout-à-coup, sans qu'on puisse les prévoir; mais souvent elles s'annoncent par quelqu'un des signes suivans qui précèdent les attaques. ce sont des impressions sourdes & un peu douloureuses dans le bas ventre, des foiblesses aux jambes; ils survient des éternuemens, des bâillemens fréquens, on fait des rots, on ressent des engourdissements à la langue, des pesanteursdes tremblements dans les membres, de légères impressions de froid à l'extérieur, surtout aux extrémités, des fourmillements dans les chairs, des tensions fatiguantes & douloureuses, des contractions à la bouche; l'esprit s'obscurcit, les sens s'appesantissent, il semble que l'on ait à la bouche et au nez des saveurs & des odeurs désagréables; on donne des signes de joie, ou l'on a de légères impressions de crainte, de timidité. Tantôt on a un penchant au sommeil, & tantôt on ne peut pas dormir; on ressent des tintements d'oreilles, on est troublé par des vertiges & des étourdissements. Il paroît sous les yeux de petits nuages de différentes couleurs, qui imitent l'arc en ciel, ou des étincelles rouges et brillantes. A certaines femmes le visage s'anime, à d'autres il pâlit; les urines deviennent tenues & limpides, claires comme de l'eau qui coule d'un rocher; c'est le signe le plus certain & le plus général des vapeurs; il a lieu dès qu'on a le moindre avant-coureur d'une attaque. On ressent en différens endroits du corps, ou en une seule partie des extrêmités du tronc, ou des viscères, de petits mouvements reptiles comme la marche des fourmis, &.
 
A la suite de quelqu'un de ces signes il survient des symptômes qui caractérisent les affections vaporeuses; il en faut peu pour en établir la caractère, surtout dans les maladies compliquées. Ces symptômes se présentent souvent plusieurs ensemble, ou ils se succèdent à l'envie les uns des autres; ils paroissent, ils s'éclipsent, & la même cause, mille fois, les reproduit & les confond, jusqu'à ce que ces alternatives ont produit un désordre général.
 
page 28
Il survint à une Demoiselle malade d'un fièvre maligne un froid considérable qui dura plusieurs jours; il venoit d'un principe vaporeux.
 
Les mouvements convulsifs, les spasmes & les douleurs des parties membraneuses, doivent toujours faire soupçonner le concours des vapeurs, car celles-ci sont souvent une des principales causes de ces accidents, sans qu'on s'en aperçoive. Cette négligence fait que la plupart des femmes passent la plus grande partie de leur vie dans les langueurs qui leur en sont perdre tous les agrémens. Outre les signes ordinaires des vapeurs qui en font connoître la complication avec d'autres maladies, j'en connois un qui ne m'a jamais trompé, surtout dans les femmes délicates. Je comprime avec la main la région épigastrique; s'il survient des bâillemens réitérés jusqu'à ce qu'on ait cessé la compression, on doit être assuré que la maladie est compliquée avec un principe vaporeux. Il y a peu de temps, que je vis une jeune dame dangereusement malade d'un haepatitis, elle bâilloit dès que je posois la main sur l'épigastre; je traitai cet haepatitis en conséquence de mes principes.
 
Dès que la fièvre & les autres symptômes eurent cessé, le ventre s'étendit, il prit un volume considérable; on craignit d'abord une hydropisie ou un épanchement de pus dans la cavité du bas ventre, je ne pris pas le change, j'attribuai cette tension à un principe vaporeux, je fis mettre la malade dans un demi-bain tiède, et son ventre diminua de la moitié, & un second le rétblit dans l'état naturel. Il a bien des femmes qui, sans être malades, on très fréquemment des symptômes vaporeux, surtout au moindre exercice extraordinaire, à la moindre vivacité, à la moindre passion qu'elles se permettent, ou à la moindre violence qu'elles se font pour les surmonter. On les doit toujours regarder dans leurs maladies comme vaporeuses, quand bien même elles n'auroient pas d'autre symptôme. Il est des maladies qui n'ont pour principe qu'une cause vaporeuse, & qui ne sont autre chose que des attaques de vapeurs qu'on pourroit aisément confondre avec d'autres maladies qui ont à peu près les mêmes symptômes; j'en fais la différence au chapitre suivant...
 
Joseph Raulin (Ayguetinte, 1708 - Paris, 1784)
Il est membre de la Royal Society de Londres, rédigea plusieurs ouvrages de gynécologie et d'obstétrique, dont certains furent traduits en plusieurs langues.
 
Sous l'expression "affections vaporeuses" l'auteur range les désordres nerveux, dont l'hystérie, les spasmes et les convulsions. Le traité est divisé en deux parties : la première est une théorie générale des vapeurs, leurs symptômes et leurs causes tant "éloignées" que "prochaines & immédiates" ; la seconde partie porte sur divers traitements et moyens de prévention.
 
This uncommon treatise highlighting in particular 'des affections vaporeuses', or nervous disorders, including hysteria, convulsions and spasms. Divided into two parts, the first deals with the general theory and character of vapours, outlining the various symptoms, before then discussing in two further sections a number of possible external and internal causes. These include temperament, air, the abuse of tea, coffee, and tobacco as well as a variety of other foods and drink, in addition to a number of internal obstructions believed by Raulin to contribute to vaporous attacks. The perils of leading a sedentary life as well as the passions de l'ame are also discussed. Other afflictions, such as leuchorrhoea (on which Raulin wrote a separate treatise) are also cited. Having thus outlined the possible causes, the second part of the treatise investigates a variety of treatments to cure and prevent such occurrences, including regulating diet and alcohol intake. - Raulin was physician to the King and a member of the Royal Society of London. He was the author of several books on obstetrics and gynaecology, which were generally regarded as being finely composed and containing much practical and useful material. Several of his works were translated into German, Spanish, Dutch and Portuguese.
 
Nouveau traité du rhumatisme et des vapeurs Dumounlin M 1703
Dissertation sur les vapeurs et les pertes de sang. Hunauld P 1756
Traité des affections vaporeuses des deux sexes P Pomme 1757
Traité des affections vaporeuses du sexe J Raulin 1758
De la santé des gens de lettres Tissot S 1769
Nouveau Traité des Vapeurs ou Traité des maladies des nerfs Pressavin JB 1770
La philosophie des vapeurs Paumerelle Cl 1774
Traité des maladies nerveuses hypochondriaques et hystériques Robert Whytt 1777
De l'influence des affections de l'âme dans les maladies nerveuses des femmes Chauvot de Beauchêne EP 1781